En réaménageant l’unique plaine de Nice, le maire veut créer une « Silicon Valley » verte ; ses opposants y voient un Notre-Dame-des-Landes miniature.
« Eco-Vallée », c’est le nom de la giga-opération d’aménagement sur ce qu’il reste de foncier disponible dans la métropole niçoise. Le cauchemar éveillé de certains Niçois. Le symbole de la mégalomanie du maire Christian Estrosi pour beaucoup d’autres.
A l’image de son aéroport international, dont la piste a été gagnée sur la mer, la ville va s’agrandir dans le lit du Var, un fleuve colérique, nourri aux torrents des Alpes. Ici, dompter la nature est toujours possible, ce n’est qu’une question de volontarisme politique et de moyens.
Ça tombe bien : le maire UMP, fils politique de Jacques Médecin et ami de Nicolas Sarkozy, a une vision grandiose de sa ville.
Jeudi 25 avril, tout ce que Nice compte de bâtisseurs, les donneurs d’ordre publics et les entreprises privées en passant par les sociétés d’économie mixte, se sont donné rendez-vous sous les ors de la villa Masséna, voisine du Negresco, sur la promenade des Anglais.
L’occasion : la signature, devant la presse, de la « charte d’adhésion au cadre de référence pour la qualité environnementale de l’aménagement et de la construction dans la plaine du Var ». Dans la novlangue d’Eco-Vallée, cela veut dire que les entreprises du BTP jurent qu’elles feront encore mieux que les normes environnementales en vigueur. (...)
Cette folie des grandeurs des élus, qui les fait déplacer des ronds-points, construire des routes, et prétendre qu’ils vont réintroduire la nature en ville, c’est tout cela qui agace ces opposants.
Alors ils s’organisent pour monter des recours contre les plans locaux d’urbanisme, contre la future piscine olympique, contre les plans de prévention des risques, qui tentent de faire oublier que le Var était bien sorti de son lit en 1994... Laetitia Barriera, l’agricultrice qui défend la mamie, a un plan pour barrer la route au maire :
« Ici, les manifs, ça ne marche pas. Il faut informer les gens un par un, leur annoncer qu’ils peuvent résister à leur expropriation, leur rappeler la loi. On est en train de tous se rassembler, et on remontera une ZAD [zone à défendre, sur le modèle de Notre-Dame-des-Landes, ndlr]... après les municipales. »