
Du chatoyant spectacle qu’offre la « crise grecque » il est probable que l’élément le plus pittoresque demeurera ce racisme réjoui et déboutonné qui conduit chaque jour spéculateurs et commentateurs, par là parfaitement unis, à nommer sans le moindre scrupule « PIGS » les États dont les finances publiques sont contestées sur les marchés financiers. Portugal, Ireland, Greece, Spain, les trois petits cochons sont maintenant quatre. C’est bien là le genre d’erreur de dénombrement qui en un instant trahit toute une vision du monde : ce sont les bronzés qui sont des porcs
...Curieusement on n’a pas le souvenir d’avoir entendu les États-Unis ni le Royaume-Uni traités de porcs. Le Monde, parangon de distinction, s’amuse même de la « mauvaise Grèce » [1] — n’est-ce pas tout à fait spirituel ? La nature humaine est une et partout la même rappelait Spinoza, et le racisme des élites ne le cède en rien à celui qu’il se plaît à dénoncer chez le peuple...
...Contre l’empressement instrumental qui monte en épingle « la dette » (par défaut, et presque par définition, la « dette » est toujours publique…) pour mieux préparer un programme sans précédent de démantèlement de l’État [2], on se doute que le rappel d’une ou deux données de fait ne pèsera pas grand-chose — au moins on aura essayé...