
En 1891, des milliers de visiteurs se pressent au jardin zoologique d’acclimatation à Paris. Non pour aller voir les autruches, mais pour découvrir une bande de Bédouins. À l’époque, montrer des indigènes, au seul motif qu’ils sont noirs, jaunes ou rouges de peau, est une pratique courante.
Ces zoos humains contribueront à fabriquer une image très particulière de l’étranger « non-blanc », considéré au pire comme un animal, au mieux comme un grand enfant, et rendront sans même qu’ils s’en rendent compte, les occidentaux racistes. Une exposition au musée parisien du quai Branly sur le thème « L’invention du sauvage, exhibitions » et un livre, Zoos humains et exhibitions coloniales, reviennent aujourd’hui sur le sujet.
L’exhibition du « sauvage » est une vieille histoire. Dès la découverte de l’Amérique, en 1492, Christophe Colomb ramène six Indiens de son voyage pour les montrer à la cour du roi d’Espagne. Le tahitien Omaï fera, lui, les délices de la cour d’Angleterre. Les portraits de ces individus exotiques sont aussi exposés dans les palais princiers comme une curiosité, surtout lorsqu’ils sont dotés d’une spécificité physique, comme Antonietta Gonsalvus, jeune canarienne affligée d’hypertrophie pileuse.
Au XIXe siècle, les zoos humains contribuèrent à l’instauration d’un racisme tranquille et généralisé en transformant les indigènes en objets d’exhibition. (...)
Exposition : L’invention du sauvage, exhibitions, au musée du quai Branly, à Paris, jusqu’au 3 juin 2012.
Livre : Zoos humains et exhibitions coloniales, 150 ans d’invention de l’autre, sous la direction de Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boëtsch, Éric Deroo et Sandrine Lemaire. Ed. La Découverte.