L’agence de sécurité sanitaire britannique a exprimé son inquiétude à la suite de la détection de cas de diphtérie en hausse chez les exilés arrivant dans le pays. Plus d’une cinquantaine ont déjà été recensés. Selon le Home Office, l’homme mort à l’hôpital après avoir vécu dans le centre de Manston pourrait avoir succombé à cette maladie infectieuse.
Le centre de premier accueil de Manston, dans le sud du pays, est concerné par cette hausse des infections. Le Home Office a récemment déclaré que l’homme décédé le 19 novembre dernier à l’hôpital, et qui était hébergé à Manston, serait mort de la diphtérie. Des premiers examens avaient conduit le ministère à affirmer que la mort de l’homme n’avait pas été causée par une maladie infectieuse. Mais un nouveau test de détection de la diphtérie a, depuis, produit un résultat positif, selon un porte-parole du Home Office.
L’UKHSA a cependant précisé qu’il n’était pas confirmé que les quelque 50 autres personnes infectées l’aient été au centre de Manston. Néanmoins, les risques de contamination sont largement augmentés dans des conditions de promiscuité. "La bactérie Corynebacteriumdiphtheriae [responsable de la diphtérie] se transmet directement par le biais des sécrétions rhinopharyngées [toux, éternuements] ou des plaies cutanées et très rarement par contact indirect avec des objets souillés par des sécrétions de malades", précise Santé publique France. La période d’incubation de la maladie est comprise entre 2 à 5 jours.
Vaccination généralisée en Europe
Selon les autorités de santé britanniques, les exilés malades ont probablement contracté la maladie dans leur pays d’origine ou bien au cours de leur parcours d’exil. Mais la surpopulation du centre de Manston, avant que celui-ci ne soit évacué, a pu favoriser la contamination. Jusqu’à 4 000 personnes ont été hébergées dans ce centre doté de 1 600 places.
La diphtérie est une maladie rare au Royaume-Uni, comme dans la plupart des pays européens, car la majorité de la population est vaccinée durant la petite enfance. Elle se soigne à l’aide d’antibiotiques mais peut être mortelle dans certains cas. (...)
L’agence de sécurité sanitaire britannique recommande donc que la vaccination contre la diphtérie et des antibiotiques soient proposés aux exilés à leur arrivée au Royaume-Uni.
Après plusieurs semaines de polémiques autour des conditions de vie des exilés dans le centre de Manston devenu surpeuplé, la structure a été évacuée, avait annoncé le 22 novembre le gouvernement britannique. Mais les autorités sanitaires britanniques craignent désormais que des personnes infectées ne propagent la maladie dans d’autres lieux d’hébergement.
Un "risque évitable et prévisible"
Interrogé par le Sunday Times, Jim McManus, le président de l’Association des directeurs de la santé publique britannique, a déclaré que la décision d’évacuer le centre Manston malgré cette menace sanitaire "exposait les demandeurs d’asile et potentiellement les employés d’hôtels à un risque évitable et prévisible". Il a également accusé le ministère de l’Intérieur d’un "manque de coordination" qui a "rendu la situation bien pire qu’elle ne pourrait l’être". (...)