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Au Portugal, l’école de musique afghane tente de survivre à l’exil
#Afghanistan #refugies #musiciens
Article mis en ligne le 9 décembre 2022

Dans l’Afghanistan des Taliban, écouter ou jouer de la musique est considéré comme un pêché. Depuis qu’ils ont pris le pouvoir à Kaboul en août 2021, l’Institut national de musique d’Afghanistan est fermé. Élèves et professeurs ont fui leur pays et ont trouvé refuge au Portugal. Malgré les difficultés liées à l’exil, ils espèrent faire revivre leur école et ainsi préserver le patrimoine musical afghan.

l’Institut national de musique d’Afghanistan (Anim), la seule école de musique de leur pays. Ce soir de novembre, ils se produisent devant les donateurs d’une grande organisation humanitaire. C’est le deuxième concert qu’ils donnent depuis leur arrivée au Portugal il y a un an.

Hadia, 14 ans, savoure son bonheur : "Quand je suis sur scène et que le public apprécie ma performance, je me sens vraiment heureuse", confie-t-elle, son santour, un instrument à cordes frappées, posé devant elle. Présent au fond de la salle, Ahmad Sarmast, le directeur de l’Anim, veille sur ses élèves. "Ils sont comme mes enfants, je les ai vus grandir. Certains ont rejoint l’école il y a 6, 7 ou même 10 ans".
"Quand les Taliban sont entrés dans notre école, ils ont cassé les instruments"

Quand les Taliban sont entrés dans Kaboul, Ahmad Sarmast avoue avoir "paniqué", puis s’est démené pour faire évacuer les élèves et le personnel de l’institut. "J’ai sollicité de nombreux chefs d’État. Le Portugal est le premier et le seul pays à avoir répondu à notre appel". En tout, 284 personnes y ont obtenu l’asile. "Non seulement le Portugal leur a accordé l’asile, mais il nous offre une chance de reconstituer l’école ici", souligne-t-il. Cet éminent ethnomusicologue s’est donné une mission : sauvegarder le riche patrimoine musical afghan. Pour cela, il espère continuer à faire vivre son école, même à des milliers de kilomètres de Kaboul. (...)

"Nous avions tellement peur qu’à tout moment des talibans entrent dans notre maison et cassent nos instruments sous nos yeux. Notre vie était en danger, c’est pour cela qu’on a dû quitter l’Afghanistan", explique Farida. "Les Taliban interdisent aux filles d’aller à l’école, donc c’est évident qu’ils nous auraient empêchées d’aller à l’école de musique. Quand les Taliban sont entrés dans notre école, ils ont cassé les instruments qui s’y trouvaient", renchérit Zohra.

Nouvelle vie (...)

Pour les adultes, l’exil a un goût plus amer. Mohammed Qambar Nawshad, jeune compositeur et musicien, faisait partie de l’équipe enseignante de l’Anim à Kaboul. Il peine désormais à joindre les deux bouts. Il reçoit 1 050 euros par mois pour lui, sa mère, sa femme, leurs trois enfants et son neveu. "On peut seulement manger, on ne peut rien faire d’autre ici. Il n’y a pas de travail au Portugal", déplore-t-il. Dans un an, il ne percevra plus aucune aide et il lui faudra payer un loyer de 600 euros. Certains professeurs ou étudiants ont préféré quitter le Portugal, à la recherche de meilleures opportunités. Environ la moitié des membres du groupe arrivés au Portugal il y a un an auraient rejoint un autre pays européen (Allemagne, France, Suisse) ou les États-Unis. (...)

Avenir incertain

Mohammed Qambar Nawshad a déjà songé à partir, mais il espère qu’avec le temps sa situation va s’améliorer au Portugal. Depuis un mois il est salarié de l’Anim. Il touche 1 000 euros par mois pour reprendre ses fonctions de professeur et de chef d’orchestre. Plusieurs fois par semaine, il fait travailler les jeunes de l’école. (...)