Dans le nord de ce pays d’Amérique centrale, un projet de barrage hydroélectrique menace une aire naturelle protégée et l’accès à l’eau des populations locales. Les élus locaux et les habitants s’opposent à la volonté du gouvernement hondurien, qui assouplit les réglementations environnementales.
L’association d’enquête Global Witness a publié le 13 juillet un rapport sur les crimes commis dans le monde contre les activistes qui luttent pour préserver leurs terres et leurs rivières des projets d’exploitation de toutes sortes. Près de 200 écologistes, paysans ou indigènes ont ainsi été assassinés en 2016. Dont 14 au Honduras, un petit pays d’Amérique centrale. (...)
Un barrage hydroélectrique dans une aire naturelle protégée contre l’avis des habitants… au motif de la lutte contre le changement climatique. Ce scénario ubuesque n’a rien de fictif : c’est l’histoire dramatique des communautés de San Francisco, dans le nord du Honduras, qui se battent depuis plus de seize ans contre un projet de barrage sur la rivière Cuyamel.
Fin mai, la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh) a ainsi publié un rapport tirant la sonnette d’alarme quant aux nombreuses violations des droits de l’homme occasionnées par ce projet, pourtant encouragé par le gouvernement hondurien. Car d’après un décompte de l’ONG Global Witness en début d’année, le Honduras reste le pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l’environnement : 111 assassinats entre 2002 et 2014 (sans compter le meurtre de Berta Cáceres en 2016), et 3.000 cas d’usage indu du droit pénal (diffamation, harcèlement judiciaire) contre des militants entre 2010 et 2014. « Ce projet est emblématique de ce qui se passe au Honduras, explique à Reporterre Marion Cadier, qui a corédigé le rapport de la Fidh. Sous prétexte de sortie des énergies fossiles, on y construit des barrages hydroélectriques ne respectant ni l’environnement ni les droits des populations. »
Dans la région de San Francisco, les quelque 7.000 personnes qui pourraient être affectées par le barrage se battent depuis 2001. D’après une enquête réalisée par la Fidh auprès de 280 foyers, 95 % des habitants se sont prononcés contre. Principal argument : ils craignent que la construction de l’installation, en amont du fleuve Cuyamel, n’occasionne des défrichements massifs — et donc un risque accru de glissement de terrain — ainsi qu’une pollution de la rivière qui représente leur principale source d’approvisionnement en eau potable. (...)