
Le président de l’université Panthéon-Assas a été saisi d’une demande « exceptionnelle » : ouvrir un poste sur mesure pour accueillir l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer, défait aux législatives.
L’enseignement supérieur ne manque visiblement pas toujours de moyens. L’université Paris 2 (Panthéon-Assas) a exceptionnellement décidé d’ouvrir un poste sur mesure au sein de son département de droit public pour accueillir l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer, tout juste défait aux élections législatives, selon des informations de Mediapart.
La possibilité de créer ce poste ad hoc, à l’heure où les universités affrontent depuis des années une lourde pénurie de personnels, s’est concrétisée vendredi 17 juin, cinq jours après le premier tour des élections. Elle doit être finalisée prochainement, à l’occasion d’une réunion du département de droit public.
Première incongruité : elle a été annoncée par le président de l’université Stéphane Braconnier lui-même, et non par le directeur du département.
Deuxième source de questionnement : le calendrier de l’annonce, intervenue quelques jours seulement après l’élimination, le dimanche 12 juin, de Jean-Michel Blanquer au 1er tour dans la 4e circonscription du Loiret et alors qu’aucun poste n’avait été envisagé jusque-là.
Troisième interrogation : les raisons de ce recrutement express. (...)
Interrogé, le président de l’université n’a pas répondu à nos questions sur l’origine de cette sollicitation. (...)
Habituellement, les recrutements, décidés par les enseignants du département concerné en fonction des besoins, sont soumis à une mise en concurrence des candidatures. (...)
Également questionné, Jean-Michel Blanquer n’a pas répondu à notre demande d’entretien. (...)
Au lendemain de sa défaite aux législatives, l’ancien ministre avait déclaré, lundi 13 juin sur BFMTV, qu’il était devenu « l’ennemi public numéro un ». « Regardez ce que des journaux comme Mediapart font avec moi... », ajoutait-il alors, faisant implicitement référence à nos révélations sur l’affaire Avenir Lycéen, sur son vrai-faux colloque sur le « wokisme » , ou encore sur son protocole sanitaire annoncé depuis Ibiza. (...)
Les conditions du recrutement de Jean-Michel Blanquer ne manqueront pas de surprendre tous les acteurs qui vivent, ces dernières années, la dégradation des conditions d’enseignement et de recherche au sein des universités françaises. En janvier 2022, les syndicats de l’enseignement supérieur étaient en grève pour dénoncer le sous-financement de l’université et le recours excessif aux vacataires et contractuels, faute de crédits pour ouvrir des postes.
« Comment peut-on imaginer que les deux tiers des cours d’une année soient faits par des gens qui ne sont pas titulaires ? », interrogeait alors, dans les colonnes de Libération, Anne Roger, secrétaire générale du syndicat SNESUP-FSU. « Ce n’est pas possible, c’est ingérable… » Impossible, sauf quand le candidat pour un nouveau poste est un ancien ministre.
Je m'amuse d'avance en imaginant les têtes des collègues conduits à recruter #Blanquer lorsqu'ils examineront la liste de ses publications scientifiques dans le domaine du droit depuis 20 ans (je vous invite à le faire, comme moi-même) 😃
— Christian Delporte (@chdelporte) June 21, 2022
Il commencera à l'échelon 1 ce qui équivaut à un salaire de 1700 euros. Il pourra travailler plus pour gagner plus, par exemple en enseignant les maths car on annonce déjà que les élèves n'auront pas de prof de l'année. Payée en HSA.
— Aggiornamento Hist-Géo (@aggiornamentoHG) June 21, 2022
En cas de difficultés liées à la surcharge de travail, JMB pourra consulter la psychologue ou médecin du travail du rectorat autour de janvier 2030 et bénéficier en attendant d'un soutien pédagogique personnalisé (Nan on rigole)
— Aggiornamento Hist-Géo (@aggiornamentoHG) June 21, 2022