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Après les gaz de schiste, Total expérimente l’enfouissement industriel de CO2...
Article mis en ligne le 14 septembre 2011

Capter et enfouir le CO2 émis par les usines et centrales. C’est le rêve de toute industrie polluante pointée du doigt à cause du réchauffement climatique. Un rêve que Total tente de réaliser à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Côté pile : des risques non négligeables pour les populations environnantes, une absence de concertation, et un coût probablement astronomique qui sera assumé par les contribuables. Après les déchets nucléaires, bienvenue dans l’ère des déchets de CO2.

après avoir consciencieusement vidé le sous-sol de Lacq de son gaz, Total mène une ultime expérimentation : le captage et stockage du CO2 (CSC). Cette technologie est expérimentée au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, assure Total. Les compagnies proposent ainsi de capter le dioxyde de carbone (CO2) produit par leurs raffineries ou leurs centrales (notamment au charbon) puis de l’enfouir dans des strates géologiques ayant contenu du gaz, du pétrole ou du charbon. La promesse de réduire leur impact sur l’effet de serre s’accompagne cependant d’une perspective bien plus attrayante. La captation et la séquestration du CO2 représenterait « quelques 600 milliards d’euros à l’horizon 2030 », selon Valérie Létard, ex-secrétaire d’État auprès du ministre de l’Écologie. (...)

La recherche autour du captage et stockage de carbone s’est débridée. Il existe actuellement environ 140 projets dans le monde. L’Agence internationale de l’énergie table sur 850 installations d’ici à 2030. Des milliards de tonnes de CO2 pourraient ainsi être récupérées chaque année et injectées dans les sous-sols. Les émissions de CO2 peuvent augmenter de plus belle, puisqu’on le récupère ! Mieux, depuis les négociations climat de Cancún (Mexique) en décembre 2010, de tels projets peuvent bénéficier de « crédits carbone » au titre du « Mécanisme de développement propre ». Exemple : un gros émetteur européen finance l’installation de la récupération de CO2 sur une centrale à charbon chinoise. En échange de ces « émissions évitées », l’industriel européen aura droit à autant de crédits carbone. Donc continuer à polluer tranquillement, sans aucun effort. D’où l’intérêt, pour des grands groupes, de maîtriser cette technologie pour compenser ailleurs leurs autres émissions et éviter de devoir acheter des crédits carbone. (...)

L’enjeu pour Total à Lacq est clair : revendiquer à terme la maîtrise d’une chaîne industrielle complète portant sur le captage, le transport et le stockage de CO2. Puis en déposer le brevet. (...)

Problème à Lacq : c’est aussi une première en zone habitée et cultivée. Qui pose inévitablement la question du risque : car enfouir des centaines de milliers de tonnes de CO2 est-il sans danger ?
(...)

« Nous n’avons aucune information, même pas la date de début de l’injection », s’insurge Jean-Bernard Larrieu, viticulteur près de la Chapelle-de-Rousse, situé en zone AOC. « Outre les risques de fuites, il est avéré qu’il y a, dans le temps, des risques d’acidification du milieu, de remontée gazeuse vers une nappe d’eau potable, voire de dégazage brutal qui pourrait avoir des effets délétères. Nous ne voulons pas être des cobayes de ce caprice industriel », dénonce-t-il. (...)

« Cette technologie consomme entre 10 et 40 % de l’énergie produite par une centrale. L’adoption du CSC à grande échelle risquerait d’annuler les gains d’efficacité des cinquante dernières années et d’augmenter d’un tiers la consommation des ressources », estime l’ONG dans un rapport.
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Malgré le mécontentement des maires, la multinationale poursuit actuellement ses injections. 20.000 tonnes de CO2 ont ainsi été stockées dans le sous-sol de la Chapelle-de-Rousse depuis janvier 2010.

(...) Wikio