
Avec le manque de personnel soignant à l’hôpital public et dans les déserts médicaux, les médecins prennent de moins en moins de temps pour les patients. Pourtant, certains praticiens se battent pour accorder plus de place à l’empathie lors des consultations.
Mieux écouter, pour mieux soigner : née aux États-Unis au début des années 2000, la médecine narrative fait son chemin en France. Car écouter le patient est loin d’être un réflexe pour tous les praticiens : en moyenne, le médecin interrompt son patient 17 secondes seulement après ses premières paroles. Le professeur Serge Perrot, chef de service au centre de la douleur de l’hôpital Cochin, à Paris, se bat pour changer cette approche. "Apprendre à écouter le patient autrement, dans son récit, c’est apprendre à ne pas le couper", explique-t-il. "Si on le laisse parler, comme ça plus librement, et qu’on l’écoute dans son récit comme un roman d’aventure, déjà, c’est passionnant, et ensuite on va apprendre plein de choses qu’on aurait pas apprises si on était restés dans une écoute très médicale ".
Des cours d’écriture en fac de médecine
Est-ce à dire que les entretiens médicaux sont trop formatés ? "Oui, sans aucun doute", assure Serge Perrot. "À la faculté de médecine, on nous apprend d’abord à écouter les antécédents médicaux, l’histoire de la maladie,… On passe souvent à côté de plein de choses avec un tel interrogatoire."
Pour enseigner cette approche aux étudiants en médecine, il a mis en place des ateliers d’écriture avec le romancier Mathieu Simonet. (...)
Des techniques inhabituelles en faculté de médecine, et néanmoins indispensables pour Emanuelle Moussafir, étudiante en 5ème année.
En nous faisant raconter les choses en tant que patient, ça nous remet dans un cadre où l’on comprend que nos patients sont des êtres humains. Parce que parfois, c’est vrai qu’on les voit uniquement comme des tableaux cliniques, des challenges...