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Annonces de RTE : « Il y a ce fantasme que l’électricité va tout solutionner »
#electricite #RTE #urgenceclimatique #Negawatt
Article mis en ligne le 10 juin 2023
dernière modification le 9 juin 2023

La consommation d’électricité en France va fortement augmenter, dit RTE. Une prévision à rebours de l’impératif de sobriété, estime l’ONG négaWatt, qui salue tout de même l’appel à intensifier le développement des renouvelables.

Dans une étude publiée le 7 mai, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français (RTE) revoit fortement à la hausse la consommation électrique attendue en France d’ici 2035. Pour y faire face, RTE estime notamment qu’il faudra doubler, d’ici là, la production nationale d’énergies renouvelables et miser fortement sur des mesures de sobriété. Le discours converge a priori avec celui de l’association négaWatt, qui promeut un avenir électrique 100 % renouvelable en France. Marc Jedliczka, l’un de ses porte-paroles, porte toutefois un regard critique sur la manière dont RTE projette l’électrification et la sobriété du pays. (...)

On annonce l’interdiction des chaudières à gaz, la construction de gigafactories pour alimenter tous les transports en batteries électriques… Il y a ce fantasme que l’électricité va tout solutionner.

Chez négaWatt, on pense que ce n’est pas réaliste. Il faut bien sûr électrifier massivement : c’est possible pour la mobilité légère, mais pour les poids lourds, on n’y croit pas. De même, pour l’industrie, les niveaux d’électrification annoncés sont inatteignables. (...)

RTE justifie son évaluation par la révision à la hausse des ambitions climatiques européennes (- 55 % d’émissions de carbone en 2030 par rapport au niveau de 1990), par les conséquences de la guerre en Ukraine et les ambitions de réindustrialisation de la France. Comment répondre à ces enjeux sans électrification massive ?

La question, c’est comment remplacer le pétrole, dont la densité énergétique et la forme liquide le rendent extrêmement pratique, par un vecteur énergétique durable et qui soit généralisable, notamment dans les transports. Les batteries électriques posent des problèmes en matière d’extraction de ressources minières, de lithium et de certains métaux.

Si l’on considère que la France représente 1 % de la population mondiale et que l’on ne peut donc exploiter équitablement que 1 % des réserves connues de lithium, on n’a pas de quoi équiper tous nos véhicules, camions compris, en batteries électriques. (...)

Nos scénarios misent donc beaucoup sur un autre vecteur en complément de l’électricité : le gaz durable, et notamment le biométhane. Le gaz naturel pour véhicules (GNV) se rapproche des vecteurs énergétiques liquides et peut donc être très intéressant d’un point de vue logistique, s’il devient vert. Nos scénarios l’utilisent pour faire rouler les camions et en partie pour chauffer les bâtiments et pour l’industrie.

Certaines associations écolos critiquent ce recours au biométhane mais nous estimons qu’il est possible de le produire en quantités suffisantes sans qu’il n’entre en concurrence avec la production alimentaire : on peut faire de la méthanisation à partir des déchets alimentaires et agricoles et utiliser des cultures intermédiaires, qui ont la vertu de couvrir et nourrir les sols entre deux cultures vivrières sans les concurrencer, il existe des végétaux qui poussent très vite et possèdent un fort pouvoir méthanogène. On a beaucoup travaillé avec le scénario After 2050 et avec l’Agence de l’environnement (l’Ademe) sur ces sujets (...)