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Libération
Amos Oz, une conscience s’éteint
Article mis en ligne le 29 décembre 2018
dernière modification le 31 décembre 2018

Le grand écrivain israélien, cofondateur de La Paix maintenant qui militait pour deux Etats palestinien et israélien, s’est éteint vendredi des suites d’un cancer.
A l’heure où les extrêmes se déchaînent, où les murs se bâtissent à coups de truelles et d’intolérance, la disparition d’Amos Oz, annoncée vendredi, fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel déjà sombre, le dernier déchirement peut-être de cette année 2018 qui apparaît comme une longue cavalcade vers le pire.

(...) Il venait juste de publier en France, chez Gallimard, un essai au titre évocateur – et l’on espère vivement que ce n’est pas le dernier, qu’un ou plusieurs manuscrits attendent dans un tiroir ou dans le catalogue d’un éditeur israélien –, Chers Fanatiques, un livre qui apparaît aujourd’hui comme une mise en garde à l’adresse des générations futures. « Israël s’éloigne-t-il depuis quelques années de ma vision idéale d’un Etat juif ? Sans doute. De même que l’interdit d’infliger la douleur semble sérieusement ébranlé » (...)

Lire aussi : Amos Oz n’était pas une colombe
Comme la plupart des leaders de la “gauche” sioniste modérée, Oz ne s’opposait qu’à l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et n’a jamais condamné le péché originel — le grand pillage de la Palestine en 1948. Selon ce sioniste convaincu jusqu’au dernier jour, l’occupation de 1967 était la source du “ conflit israélo-palestinien.”

Je me suis intéressé à ses positions concernant deux sujets majeurs : le droit au retour et la solution à deux états. Sa position reflète bien celle de la soi-disant “gauche” israélienne, ou sionisme modéré. Après avoir servi lors de la Guerre des six jours en 1967, Oz a été l’une des premières figures publiques à s’opposer à l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza et à se faire le porte-parole de la solution à deux états, ou à deux entités ethniques basées sur l’identité ethnoreligieuse.

En outre, Oz a défendu, à de nombreuses reprises, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par Israël, y compris l’attaque israélienne de grande ampleur sur le Liban en 2006 et le massacre de Gaza de 2008-2009. Le plus étonnant a été qu’il était tellement d’accord avec la décision du président états-unien Donald Trump de déplacer l’ambassade états-unienne à Jérusalem qu’il pensait que “chaque pays du monde devrait suivre le Président Trump et déplacer son ambassade en Israël à Jérusalem.”

On peut se faire une idée de l’idéologie guidant ses écrits en lisant trois de ses textes que je connais le mieux et qui sont également les textes les plus connus en Israël : Dans la terre d’Israël, Mon Michaël et Une histoire d’amour et de ténèbres. (...)