
Alors que le gouvernement promet un plus fort encadrement de la location touristique de courte durée, Airbnb vient de s’adjoindre les services d’un responsable des affaires publiques au parcours idéal.
Voilà un recrutement qui tombe à pic. L’arrivée de David Miodownick en décembre au poste de « responsable des affaires publiques » chez Airbnb est des plus opportunes pour le géant américain des locations de courte durée dont la France est, après les États-Unis, le premier marché.
En débauchant cet ancien membre du cabinet d’Élisabeth Borne pour faire son lobbying, Airbnb s’offre un relais de choix dans la Macronie, à un moment crucial pour l’entreprise.oilàVoilà un recrutement qui tombe à pic. L’arrivée de David Miodownick en décembre au poste de « responsable des affaires publiques » chez Airbnb est des plus opportunes pour le géant américain des locations de courte durée dont la France est, après les États-Unis, le premier marché.
En débauchant cet ancien membre du cabinet d’Élisabeth Borne pour faire son lobbying, Airbnb s’offre un relais de choix dans la Macronie, à un moment crucial pour l’entreprise. (...)
À la rentrée, le ministre délégué au logement Olivier Klein a assuré qu’une « réflexion » était en cours pour remettre à plat un système qui marche sur la tête : alors que les passoires thermiques (celles ayant l’étiquette G depuis janvier) ne pourront bientôt plus être mises en location, les locations de meublés de courte durée échappent à cette obligation. Une rupture d’équité qui pourrait inciter nombre de propriétaires bailleurs à basculer vers ce type de location plutôt que d’engager les travaux de rénovation thermique. Des annonces, sur ce point, sont attendues dans les prochaines semaines.
Les nombreux avantages fiscaux accordés à ce type de locations – qui ont favorisé l’explosion des prix dans certaines zones en raréfiant l’offre –, préservés dans le dernier budget 2023, devraient eux aussi être revus.
Il est aujourd’hui plus intéressant fiscalement de louer au prix fort pour des courts séjours que de proposer un bail classique, ce que supportent de moins en moins les élus locaux confrontés quotidiennement aux galères de logement de leurs habitants. Là aussi, le gouvernement a affirmé que des évolutions étaient en préparation.
Le sujet est hautement sensible pour Airbnb qui ne paie, par ailleurs, pratiquement aucun impôt en France.
Autre sujet d’inquiétude : de plus en plus de villes (Paris, Lyon, Marseille mais aussi Saint-Malo) adoptent des mesures visant à restreindre le développement de ces locations touristiques. Elles demandent aussi au gouvernement de réduire le nombre de nuitées ouvertes à la location sur ces plateformes. Depuis la loi ALUR, un logement peut être mis en location de ce type 120 jours par an au maximum, un chiffre jugé encore excessif dans certaines zones tendues. (...)
Le nouveau responsable des affaires publiques a donc, on le voit, moult sujets de discussion tant avec l’exécutif qu’avec les parlementaires dans les prochains mois. Et cela tombe bien puisqu’il connaît sur le bout des doigts l’un et l’autre. Au cabinet d’Élisabeth Borne, alors ministre du travail de juillet 2020 à novembre 2021, il exerçait en effet le poste clé de conseiller parlementaire, faisant ainsi l’interface entre la ministre et les parlementaires.
En tant qu’ancien collaborateur chargé des finances – de novembre 2017 à juillet 2020 – du sénateur de Paris Julien Bargeton (Renaissance), il connaît parfaitement la chambre haute et sait à qui s’adresser sur les sujets qui intéressent Airbnb. Julien Bargeton, également conseiller régional d’Île-de-France et ancien adjoint d’Anne Hidalgo, s’intéresse de longue date à « l’attractivité touristique » de la capitale – il a récemment déposé un projet de loi sur le sujet – mais aussi au logement.
Comme la loi l’y oblige, David Miodownick a saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avant de prendre son poste de lobbyiste chez Airbnb. Celle-ci nous a confirmé avoir émis un avis non public mais qui n’a pas empêché ce pantouflage. (...)
Chez Airbnb, le débauchage d’anciens collaborateurs de responsables politiques chargés des questions qui intéressent son activité n’est pas nouveau. (...)
20 % de leurs responsables du lobbying issus de cabinets ministériels ou de l’administration, qui aurait l’étrange idée de s’en inquiéter ?