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le Monde
Affaire Legay : le procureur de Nice a disculpé la police... pour ne pas embarrasser Emmanuel Macron
Article mis en ligne le 24 juillet 2019

Jean-Michel Prêtre s’est justifié auprès de sa hiérarchie d’avoir initialement dédouané les policiers après les blessures subies par une manifestante de 73 ans.

Il fallait éviter de mettre le président de la République en difficulté. Voilà, en substance, et selon les informations du Monde, comment le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, s’est justifié auprès de sa hiérarchie d’avoir initialement dédouané les forces de l’ordre, trois jours après les graves blessures subies par Geneviève Legay, 73 ans, lors d’une charge policière pendant une manifestation interdite des « gilets jaunes », le 23 mars.

Parmi les différentes explications données par le magistrat dans le cadre de son audition demandée par le directeur des services judiciaires en avril, M. Prêtre a affirmé qu’il n’avait pas voulu mettre le chef de l’Etat dans l’embarras « avec des divergences trop importantes » entre les versions. Et ce, de sa propre initiative.

Le 25 mars, quelques heures avant la conférence de presse du parquet, Emmanuel Macron affirmait déjà que Geneviève Legay « n’[avait] pas été en contact avec les forces de l’ordre » dans le journal Nice-Matin. Un entretien où il souhaitait aussi « peut-être une forme de sagesse » à la septuagénaire, propos qui n’avaient pas manqué de créer une polémique.

Contacté par Le Monde, le ministère de la justice a refusé de commenter les propos tenus par le procureur dans le cadre de cette audition, estimant que M. Prêtre « est totalement indépendant, et décide souverainement de la communication qu’il souhaite mener dans chaque affaire ». Tout en affirmant que, « sur la base du rapport », il n’y avait pas lieu d’engager de « poursuites disciplinaires ». (...)

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Affaire Geneviève Legay : Nice Matin aux ordres
Dès le sous-titre, le quotidien niçois évoque, indulgent, des « maladresses » qui auraient « alimenté le soupçon ». Première question : en affirmant qu’il n’y avait eu aucun contact entre les policiers et Geneviève Legay, le procureur a-t-il « communiqué trop vite » ? Pour Nice Matin, il a certes parlé « dans un premier temps sur la base d’informations lacunaires », mais il l’a fait… « dans un souci louable de transparence (sic) ». Comme le note Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac, sur Twitter, la question qui se pose est surtout de savoir si le procureur n’a pas menti ; puisque dès le samedi un PV de la police indiquait que c’était bien un policier qui avait poussé la manifestante – comme l’a révélé Mediapart.

À propos du procès, Nice Matin note qu’un juge d’instruction de Nice, « magistrat complètement indépendant du pouvoir politique », va être en charge de l’enquête et que le dépaysement de l’affaire n’a pas été retenu par le parquet d’Aix-en-Provence, « estimant que le juge d’instruction pouvait enquêter en toute impartialité et sérénité ». Tout va bien dans le meilleur des mondes ? Sauf que l’auteur de l’article omet de préciser qu’aucune annonce officielle n’a été faite sur la question du dépaysement – et qu’il tient son information… de l’avocat du policier mis en cause, comme le rapporte Arrêt sur images. Il oublie également de préciser que l’avocat de Geneviève Legay a renouvelé sa demande de dépaysement suite aux récentes révélations de Mediapart : selon le site d’information, la policière chargée de l’enquête ne serait autre… que la compagne du policier mis en cause. Un contexte, il est vrai, parfaitement « serein » pour l’enquête.

Mais ce n’est pas tout. (...)