
Après la course-poursuite qui s’est soldée par un grave accident en avril, les policiers ont d’abord nié tout contact avec le scooter. Face aux témoignages concordants et au revirement d’une collègue, le conducteur reconnaît finalement un choc involontaire, d’après les éléments de l’enquête consultés par Mediapart et StreetPress.
Le 21 avril, le gardien de la paix Alexis D., 31 ans, a été mis en examen pour « violences avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique » et « faux en écriture publique » par deux juges d’instruction parisiens. Son contrôle judiciaire lui interdit d’exercer son métier.
Ce policier conduisait la voiture impliquée dans un grave accident survenu jeudi 13 avril, dans le XXe arrondissement de Paris. Ce soir-là, l’équipage de la « brigade territoriale de contact » prend en chasse un scooter Cityscoot sur lequel sont juchés trois adolescents, dont un sans casque. Au terme d’une course-poursuite périlleuse qui ne dure que deux minutes, le deux-roues chute. La conductrice de 17 ans et son frère de 13 ans sont sévèrement blessés et gardent de lourdes séquelles. Le troisième passager, âgé de 14 ans, plus légèrement. (...)
Les premiers éléments du dossier judiciaire, auxquels Mediapart et StreetPress ont eu accès, éclairent les ressorts d’une course-poursuite aux conséquences tragiques. Ayant d’abord nié tout contact entre leur Škoda Octavia et le scooter, les policiers finissent par admettre l’évidence décrite par deux victimes et trois témoins : un choc a bien eu lieu.
L’enquête met aussi en évidence, de la part des trois policiers impliqués, une méconnaissance ou une ignorance délibérée des ordres. Alors que leur station directrice leur demandait de « cesser la chasse ou passer immédiatement sur [une conférence radio dédiée] », les policiers n’ont fait ni l’un ni l’autre. Tous trois affirment ne pas connaître les consignes préfectorales sur les refus d’obtempérer. (...)
« Le corps et l’esprit de ces adolescents sont particulièrement meurtris, pour longtemps, affirme de son côté Arié Alimi, l’avocat des mineurs et de leurs familles. Là où ils devraient être considérés dans leurs fragilités, leur couleur de peau active les préjugés et la figure de l’ennemi. Et les discours de certains syndicats de police incitent les policiers à percuter et à tuer. » (...)