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Adaptons nos villes aux canicules
Article mis en ligne le 18 juillet 2022

Face aux canicules plus intenses, il est urgent de lutter contre les passoires thermiques et de verdir les villes, soutient l’auteur de cette tribune. Avec des logements mal isolés, les familles plus populaires sont plus exposées.

Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur se font de plus en plus précoces, intenses et longues. Nous en faisons une nouvelle fois l’expérience. Et non seulement elles affaiblissent notre agriculture et notre environnement naturel, mais elles éprouvent beaucoup les zones urbaines.

Certaines administrations publiques et entreprises prennent d’ailleurs des mesures d’urgence pour en atténuer les effets sanitaires. Lors de l’épisode de juin dernier, par exemple, dans les départements en alerte rouge, l’État avait proposé aux collégiens et écoliers de rester chez eux. Mais, outre qu’elle entame la nécessaire continuité du service public de l’éducation, cette mesure n’est pas suffisante au regard de l’augmentation des températures prévue par les experts.

En 2050, selon une étude de l’université de Zurich publiée en 2019, les habitantes et habitants de Seine-Saint-Denis auront aussi chaud que la population de Canberra, capitale de l’Australie, avec environ 4 °C de plus l’été, et encore davantage l’hiver. Donc cette mesure, et d’autres du même type comme la mise en place d’un énième numéro vert, n’auront bientôt pas plus d’effet qu’un pansement sur une jambe de bois. De vrais changements structurels s’imposent pour renforcer la résilience de nos villes et de leur population.

• Investir dans notre système de santé, déjà grandement fragilisé par la crise sanitaire, pour lui donner les moyens de faire face à la succession de canicules qui sont devant nous, et à la surmortalité qu’elles ne manqueront pas d’entraîner (...) Comment affronter au mieux les canicules avec des « urgences en péril » ?

• Lutter contre les passoires thermiques, en augmentant les aides à l’isolation thermique plutôt que de les baisser, et en lançant un grand plan de rénovation du bâti, privé mais aussi public. (...)

• Faire revenir la nature en ville. Des investissements sont nécessaires pour renforcer ce que l’on appelle les « trames vertes » et les « trames bleues », qui sont nos meilleures alliées pour rafraîchir l’atmosphère. Découvrons les rivières et les ruisseaux enterrés dans une logique d’urbanisation dépassée et permettons à chaque habitant d’une agglomération de disposer d’au moins 12 m2 d’espace vert dans son quartier.
Le coût de l’inaction politique est élevé (...)

alors que l’adaptation de nos villes aux chocs climatiques est cruciale pour préserver notre santé et notre qualité de vie, les services publics qui doivent y faire face n’ont jamais été autant contraints financièrement par des règles budgétaires, qui limitent leurs capacités d’action.

Le coût de l’inaction est donc de plus en plus élevé et pèse d’abord sur les catégories populaires, moins en capacité de se protéger du réchauffement et par ailleurs plus exposées à ses conséquences (...)

Je pense aux familles installées dans des zones inondables, souvent parce que c’est là que l’immobilier est le moins cher — un Smic à 1 304 euros net par mois, même amélioré, ne permet guère autre chose. Je pense aussi aux 12 millions de Françaises et de Français contraints de vivre, été comme hiver, dans l’inconfort des passoires thermiques, ces bâtiments très mal isolés qui consomment beaucoup d’énergie. Oui, le coût est lourd pour tous ceux-là. (...)

On peut d’ailleurs se demander si cette inaction face aux conséquences du changement climatique ne serait pas due, sur ce sujet comme sur tant d’autres, au fait que ce sont les moins bien lotis qui sont frappés en premier lieu. Nous devons donc nous mobiliser pour appeler à une transformation des politiques publiques : les volontés, les idées et les projets sont là. Construisons, enfin, un territoire résilient face au chaos climatique annoncé. (...)