
(...) Nous ne sommes pas tous égaux en matière de soin. Les cartes du Professeur géographe Emmanuel Vigneron sont effarantes. Selon le lieu de vie, le taux de décès prématurés (c’est-à-dire avant l’âge de 60 ans) peut varier de manière impressionnante, et cela se joue parfois sur de courtes distances : « suivant la ligne du RER B à Paris, en 10 minutes de trajet, le risque de mortalité pour un individu de même âge et de même sexe varie du simple au double ! » Le long de la Garonne, le grand Toulouse, zone de bonne santé, affiche un taux de mortalité prématurée 30 % plus faible que le taux national, là où dans le Médoc ou bien encore du côté de La Réole ou Langon, ce taux est 20% supérieur au taux national » indique le Professeur Vigneron. Des inégalités qui sont le reflet des zones médicalement désertées... Et c’est bien d’ailleurs cette désertification croissante qui justifie que si « le taux moyen de la mortalité prématurée est certes en baisse de 20% par rapport aux années 1970, les écarts à la moyenne, s’aggravent lourdement. Jamais dans notre pays on a eu une aussi grande inégalité des états de santé entre différentes parties du territoire ! » assène le géographe.
Coté inégalités sociales, si les jeunes sont particulièrement fragiles en terme d’accès au soin, elles concernent « un banc de plus en plus large de la société : les familles monoparentales, les chômeurs, les migrants, les personnes âgées... Même certains bénéficiaires de la Couverture Maladie Universel renoncent ou diffèrent leurs soins, ou ceux de leurs enfants (dans 9,5% des cas !) » rappelle Alain Dumas président régional de la Mutualité. Des inégalités sociales et territoriales qui marchent le plus souvent de pair, aggravant un peu plus la situation de ces populations. (...)