
Plusieurs milliers d’Espagnols anti-corridas sont descendus samedi dans les rues de Madrid pour réclamer "l’abolition de la tauromachie", forts d’avoir récemment obtenu l’interdiction d’une fête traditionnelle s’achevant par la mort d’un taureau à coups de lance.
De nombreux manifestants arboraient, en fin d’après-midi, les pancartes "toréer, école de cruauté" ou "corrida, honte nationale", a constaté une journaliste de l’AFP.
Par haut-parleur, des porte-parole du Parti contre la maltraitance animale (Pacma) appelaient à "en finir avec tous les spectacles taurins et festivités sanglantes".
Pacma, fondé il y a treize ans, mobilise de plus en plus de militants et manifestants et était parvenu à rassembler plus de 284.000 voix aux élections législatives de juin.
Il milite pour la prohibition de la corrida mais dénonce aussi la cruauté d’autres spectacles, tel le placement de "boules de feu" sur les cornes de taureaux affolés, pendant les fêtes traditionnelles des villes et des villages.
Passant devant le Parlement, Azucena Perez, agent administratif de 36 ans, arborait la pancarte "taureaux et Bourbons au musée", rejetant ainsi à la fois la tauromachie et la monarchie.
"Il me semble que faire souffrir un animal par divertissement devrait être interdit par notre législation", disait cette Madrilène, tout en se souvenant que son grand-père, lui, aimait la corrida...
Avant la manifestation, Pacma avait diffusé sur la toile des images de corridas de veaux, où l’animal qui tient à peine sur ses pattes est mis à mort comme un taureau adulte, et celles d’une vachette agonisant dans une pelle de tracteur, après avoir été utilisée lors d’une fête.
"Le taureau sent, souffre, c’est un mammifère supérieur comme nous", protestait Chelo Martin Pozo, professeure de 39 ans, portant un tee-shirt de Pacma sur sa jupe en jean.
"La corrida est une honte nationale et si elle me représente, alors je ne suis pas espagnole", assurait cette Andalouse venue exprès de Séville (sud) pour manifester, dans un pays qui magnifie depuis des siècles l ?art d’affronter le taureau.
Au passage du cortège dénonçant cette tradition comme "une torture", des passants répliquaient "c’est faux,mensonge", illustrant la vive polémique divisant le pays. (...)