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Abolir le droit à la fortune : je travaille sur ce sujet tabou et je me sens bien seul
Par Philippe Richard Economiste, "Abolir le droit à la fortune", aux éditions Couleur livres
Article mis en ligne le 12 février 2017
dernière modification le 8 février 2017

LE PLUS. La fortune personnelle que peut posséder un citoyen n’a pas de limite. Pourquoi, alors que d’autres droits sont limités par des règles destinées à améliorer la vie en société, le droit à l’enrichissement personnel n’est-il contraint par rien ? Et comment peut-on changer cette réalité néfaste ? C’est à cette dernière question que répond l’économiste Philippe Richard, dans son livre à paraître : "Abolir le droit à la fortune", aux éditions Couleur livres.

Il y a quelques années, je me suis posé une question : pourquoi une personne a-t-elle le droit de posséder une fortune représentant des millions, voire des milliards, d’euros (en placements financiers, en immobilier, en parts d’entreprise) ?

Dans nos sociétés, nous avons des droits. Ils sont généralement bornés, avec des règles strictes, afin de respecter le "vivre ensemble". Chez soi, en voiture, dans la rue, au travail... nous devons nous conformer à de nombreuses règles, qui limitent nos droits pour respecter ceux des autres. Mais concernant la richesse, il n’existe aucune limite.

Une personne peut posséder 5, 20, ou 100 millions d’euros, voire plusieurs milliards... c’est incroyable quand on y pense ! Surtout quand un tiers des français possède moins de 10 000 euros chacun, et la moitié de l’humanité presque rien. Finalement, nos problèmes actuels ne viendraient-ils pas de ce droit sans limite à l’enrichissement personnel et financier ? Car ce droit offre des cercles vertueux pour les nantis, tout en générant des cercles vicieux pour les moins bien lotis.

Pour mieux comprendre cette réalité, j’ai alors commencé à travailler sérieusement le sujet.

La richesse individuelle sans limite n’est plus efficace (...)

Je suis arrivé à la conclusion que la richesse individuelle sans limite n’est plus efficace. Notamment depuis la mondialisation et la financiarisation de l’économie qui procurent un immense pouvoir aux plus fortunés. Les rapports de force se sont en effet trop déséquilibrés, aux dépens des plus faibles, mais aussi plus globalement de tous les "petits" (les salariés et les petites et moyennes entreprises), et même aux dépens des États.

Un impôt sur la fortune avec un plafond à 100%

J’ai analysé les diverses propositions existantes censées améliorer notre modèle, mais toutes me semblent souffrir d’une grosse faiblesse. Soit elles sont insuffisantes pour changer la donne, soit elles se contournent trop facilement. Pour celles qui auraient un réel impact, elles nécessitent généralement l’accord de l’ensemble des nations, ce qui n’est jamais gagné, loin s’en faut.

Existerait-il néanmoins une mesure techniquement aisée à mettre en place au sein d’un pays qui serait efficace ? Et surprise, oui ! Il serait tout à fait possible de maintenir une économie de marché, tout en limitant le droit à la propriété individuelle. Cela pourrait se traduire par la mise en place d’un impôt sur la fortune, comme l’ISF mais à un taux de 100% au-delà du plafond fixé. Et pour éviter un exode massif des plus riches, il suffirait d’appliquer cette mesure sur la base de la nationalité et non du lieu de résidence. Techniquement, rien de bien compliqué donc, même si un changement constitutionnel s’avère indispensable. (...)

hors du "système", je n’ai pas d’écoute. Pourtant, c’est justement parce que je suis en dehors que je peux me pencher librement sur un tel sujet.

Il est aussi possible que cette idée fasse peur, tant elle s’oppose aux puissants. Et toute démarche aussi frontale ne peut qu’écarter ceux qui sont déjà bien installés et qui ont une place à perdre, même ceux dont le rôle est justement de critiquer. Alors ils critiquent certes, mais sans aller trop loin vraisemblablement. D’ailleurs, quelques personnalités, avec qui j’ai pu échanger (un peu), m’ont déjà prévenu qu’il fallait que je fasse attention avec de telles idées... Quant à mes amis et collègues de travail, ils trouvent l’idée intéressante mais semblent dubitatifs – et sûrement à juste titre – quant à l’opportunité de faire connaître ma proposition.

J’ai aussi tenté de faire connaître l’idée sur les réseaux sociaux, en créant un site personnel (main-ouverte.org) et une chaîne Youtube (Main ouverte) avec plusieurs vidéos. Mais là encore, je constate que tant qu’on est inconnu du grand public, il reste extrêmement difficile de se faire entendre dans le déferlement quotidien de "posts" de toutes sortes, encore plus lorsqu’il s’agit d’un sujet un peu complexe.

Je me retrouve avec cette mauvaise impression d’avoir découvert une belle source, mais en plein désert, sans personne pour l’exploiter. Le défi est de taille, à la hauteur de l’enjeu.

J’ai écrit un livre et trouvé un éditeur (...)