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ATTAC/Gustave Massiah Les dangers et les opportunités de la crise globale
Article mis en ligne le 9 mars 2009

Gustave Massiah, président du CRID, et membre du Conseil scientifique d’Attac-France, propose à l’occasion du Forum social mondial de Belem, cette contribution intitulée "Les dangers et les opportunités de la crise globale".


Le mouvement altermondialiste s’est affirmé comme un mouvement antisystémique
porteur d’avenir par rapport à la phase néolibérale de la mondialisation capitaliste. L’ouverture de la crise globale ouvre de nouvelles perspectives et lui donne des responsabilités particulières [1].
Le mouvement altermondialiste

Le mouvement altermondialiste dans ses différentes significations est porteur d’un nouvel espoir né du refus de la fatalité ; c’est le sens de l’affirmation « un autre monde est possible ». Nous ne vivons pas « La Fin de l’Histoire » ni « Le Choc des civilisations ». La stratégie du mouvement altermondialiste s’organise autour de la convergence des mouvements sociaux et citoyens qui mettent en avant la solidarité, les libertés et la paix. Dans l’espace du FSM, ils confrontent leurs luttes, leurs pratiques, leurs réflexions et leurs propositions. Ils construisent aussi une nouvelle culture politique fondée sur la diversité, les activités autogérées, la mutualisation, « l’horizontalité » préférée à la hiérarchie.

A travers les forums, une orientation stratégique s’est dégagée, celle de l’accès pour tous aux droits fondamentaux.
C’est la construction d’une alternative à la logique dominante, à l’ajustement de chaque société au marché mondial à travers la régulation par le marché mondial des capitaux. A l’évidence imposée qui prétend que la seule manière acceptable pour organiser une société c’est la régulation par le marché, nous pouvons opposer la proposition d’organiser les sociétés et le monde à partir de l’accès pour tous aux droits fondamentaux. Cette orientation commune donne son sens à la convergence des mouvements et se traduit par une nouvelle culture de la transformation qui se lit dans l’évolution de chacun des mouvements.

Les débats en cours dans le mouvement mettent en avant la question stratégique. Elle soulève la question du pouvoir qui renvoie au débat sur l’État et recoupe celle des partis, et la question du modèle de transformation sociale et de la nature du développement.

Le mouvement altermondialiste ne se résume pas aux Forums Sociaux, mais le processus des forums y occupe une place particulière. Le mouvement altermondialiste ne cesse de s’élargir et de s’approfondir. Elargissement géographique, social, thématique, il a connu une montée en puissance considérable en moins de dix ans. Pour autant, il n’a pas gagné, même si la crise par bien des aspects valide nombre de ses analyses et justifie son appel aux résistances. Le mouvement altermondialiste est un mouvement historique qui s’inscrit dans la durée. Il prolonge et renouvelle les trois mouvements historiques précédents. Le mouvement historique de la décolonisation ; et de ce point de vue l’altermondialisme a modifié en profondeur les représentations Nord-Sud au profit d’un projet mondial commun. Le mouvement historique des luttes ouvrières ; et de ce point de vue, est engagée la mutation vers un mouvement social et citoyen mondial. Le mouvement des luttes pour la démocratie à partir des années 1960-70 ; et de ce point de vue le renouvellement de l’impératif démocratique après l’implosion du soviétisme en 1989 et les régressions portées par les idéologies sécuritaires. La décolonisation, les luttes sociales, l’impératif démocratique et les libertés constituent la culture de référence historique du mouvement altermondialiste.

Le Forum Social Mondial (FSM) de Bélèm, ouvre un nouveau cycle du mouvement altermondialiste. Le FSM aura lieu en Amazonie au cœur des limites de l’écosystème planétaire et devra se poser la question majeure des contradictions entre la crise écologique et la crise sociale. Il sera marqué par le nouveau mouvement social et citoyen en Amérique Latine, l’alliance des peuples indigènes, des femmes, des ouvriers, des paysans et des sans-terre, de l’économie sociale et solidaire. Ce mouvement civique a construit des nouveaux rapports entre le social et le politique qui ont débouché sur de nouveaux régimes et ont renouvelé la compréhension de l’impératif démocratique. Il a infléchi l’évolution du continent montrant ainsi l’importance des grandes régions dans la mondialisation et face à la crise de l’hégémonie des États-Unis. Le mouvement altermondialiste devra aussi répondre à la nouvelle situation mondiale née de la crise ouverte de la phase néolibérale de la mondialisation capitaliste.

Notes

[1] Contribution à la Commission Stratégie du Conseil International du Forum Social Mondial. Ce texte reprend les thèmes de l’article « Le mouvement altermondialiste et la crise de la mondialisation » de novembre 2008, développé à partir des discussions menées au Conseil d’Administration du CRID, au Conseil Scientifique d’Attac, des réunions du CEDETIM, de l’AITEC et d’IPAM (Initiatives Pour un Autre Monde) et du réseau Alternatives International.