
"On espère que tous ces jeunes devant qui on a témoigné prendront le relais, quand on se sera plus là" : c’est ainsi qu’Esther Senot, 91 ans, rescapée d’Auschwitz s’adresse aux quelque 60 élèves venus l’écouter ce vendredi au Mémorial de la Shoah. (...)
Des survivants de l’Holocauste sont morts récemment. Après Simone Veil en 2017, deux anciennes déportées d’Auschwitz, qui témoignaient dans les collèges et lycées, sont décédées en septembre : Ida Grinspan, à l’âge de 89 ans et Marceline Loridan-Ivens, à l’âge de 90 ans.
Face à cette disparition progressive, et à l’occasion de la Journée internationale des victimes de la Shoah, dimanche 27 janvier, historiens, enseignants, institutions s’interrogent sur la façon de faire perdurer les témoignages et la mémoire des rescapés. (...)
Selon une étude (Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès) en décembre, 90% des Français disaient avoir entendu parler du "génocide des Juifs", mais ils n’étaient plus que 79% chez les moins de 24 ans.
"Il faudra qu’on raconte. Il y a une responsabilité. Les anciens nous le demandent et les jeunes ont accepté", estime Haïm Korsia, le grand rabbin de France qui a à coeur depuis 15 ans d’emmener chaque année une centaine d’élèves à Auschwitz.
Depuis plusieurs années, de nombreuses campagnes d’enregistrements ont été menées, en France ou ailleurs (comme à l’institut Yad Vashem à Jérusalem). Le Mémorial de la Shoah possède ainsi 13.000 films et 2.300 enregistrements. En 2018, il a accueilli (sur les sites de Paris et de Drancy) 283.000 visiteurs, dont 67.000 scolaires.
– travail sur les archives -
L’Union des Déportés d’Auschwitz a également un site internet, "Mémoires des déportations", qui rassemble un millier d’extraits de témoignages, textes et vidéos. (...)
Depuis quelques temps sont également mises en place des visio-conférences, comme ce vendredi, où le témoignage d’Esther Senot était aussi diffusé dans un établissement d’Aix-en-Provence. "Aux Etats-Unis des hologrammes sont projetés", souligne M. Lalieu.
Le Mémorial élargit la "transmission de la mémoire" par d’autres dispositifs, fait-il valoir, sans présence physique de rescapés. Ce sont des "ateliers pédagogiques qui utilisent l’histoire mais aussi les arts, l’ouverture d’archives", dit-il. Ou encore cette rencontre de lycéens de toute la France ("les ambassadeurs de la mémoire") ce week-end, qui se veut une approche à partir des différents lieux de mémoire existants (La maison d’Izieu à Lyon, le camp des Milles à Aix-en-Provence etc). (..)