Crise d’éternuements, nez qui gratte, yeux qui démangent, respiration sifflante… Et si les dérèglements climatiques empiraient les allergies ? D’après des chercheurs, c’est le cas : le changement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre anthropiques perturbe la pollinisation, la répartition des végétaux et modifie ainsi dans l’atmosphère la teneur en pollen, substance allergisante.
« Les symptômes allergiques sont plus sévères et persistants qu’auparavant » (...)
près d’un quart de la population française est concernée par des allergies respiratoires, dont 50 % à cause des pollens, de petits grains libérés par les plantes pour leur reproduction et 10 % à cause des moisissures, des champignons microscopiques qui se développent avec l’humidité.
La situation ne va pas en s’arrangeant : le nombre d’allergies liées au pollen est en constante augmentation dans l’Hexagone. Elles ont triplé en 20 ans, affectant désormais près de 20 % des adolescents et plus de 30 % des adultes, avertissait l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en 2015. (...)
Comment expliquer une telle explosion des allergies en France ? « Allergies et asthme sont des maladies avec un terrain génétique. Or, celui-ci n’a pas pu changer si profondément en quelques décennies, observe Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm. En revanche, notre environnement et notre exposition à certaines substances allergènes ont beaucoup évolué. » Et si la pollution de l’air et l’urbanisation grimpante sont partie prenante du problème, le changement climatique est également en cause.
D’après le bilan annuel réalisé par la Fédération des associations de surveillance de la qualité de l’air (Atmo France), le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) et l’Association des pollinariums sentinelles de France (APSF), « le réchauffement climatique et la hausse des températures conduisent à une augmentation des quantités de pollen ». Ce phénomène touche principalement les espèces qui pollinisent à la fin de l’hiver et au début du printemps telles le cyprès, le frêne ou encore le bouleau. (...)
« Quand le pollen est touché en excès par certains polluants, il devient plus dangereux »
Indirectement, le changement climatique amplifie également l’agressivité des pollens. Avec l’augmentation des vagues de chaleur [2], des pics d’ozone et feux de forêt sont favorisés, aggravant la pollution de l’air engendrée par les activités humaines. (...)
quand le pollen est touché en excès par certains polluants, il se fragmente en d’infimes particules. Il devient alors plus dangereux, notamment car il contribue à déclencher des asthmes chez des sujets rhinitiques, parce qu’il pénètre plus facilement dans nos bronches. » (...)