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À Rome, des dirigeants méditerranéens esquissent les contours d’un fonds pour le contrôle des frontières
#migrants #extremedroite #UE #italie #tunisie #libye
Article mis en ligne le 26 juillet 2023
dernière modification le 25 juillet 2023

L’objectif affiché est d’améliorer la régulation des flux migratoires. Dimanche 23 juillet, à Rome, plusieurs dirigeants du pourtour méditerranéen se sont réunis autour de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni afin de jeter les bases d’un fonds pour financer les projets d’investissements et le contrôle aux frontières.

Parmi la vingtaine de personnalités présentes, les présidents de la Tunisie Kaïs Saïed, des Émirats arabes unis Mohammed ben Zayed, de la Mauritanie Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel, le Haut-commissaire du HCR, Filippo Grandi, et des délégués des grandes institutions financières internationales.

La dirigeante italienne entend promouvoir un nouveau mode de coopération entre pays d’immigration et pays d’émigration, sur le modèle de l’accord signé par l’Union européenne (UE) avec la Tunisie dans le but de freiner l’arrivée de migrants sur le Vieux continent.

À l’issue d’une demi-journée de pourparlers, la Première ministre italienne d’extrême droite a annoncé la création d’un fonds qui sera abondé par une première conférence des donateurs dont la date n’a pas été arrêtée, initiative à laquelle les Émirats arabes unis ont déjà apporté 100 millions d’euros.

Elle a également défini les priorités de ce qui a été intitulé le "processus de Rome" : "Lutte contre l’immigration illégale, gestion des flux légaux d’immigration, soutien aux réfugiés, et surtout, la chose la plus importante, sinon tout ce que nous ferons sera insuffisant, une large coopération pour soutenir le développement de l’Afrique, et particulièrement des pays de provenance" des migrants, a détaillé Giorgia Meloni.

Selon elle, les "lignes de financement prioritaires doivent avant tout concerner les investissements stratégiques et les infrastructures car c’est la manière la plus pérenne de faire de la coopération".

"Stopper les débarquements"

Dès son arrivée au pouvoir en 2022, Giorgia Meloni s’était fixée comme objectif de "stopper les débarquements" de migrants en Italie, notamment en limitant autant que possible l’action des navires humanitaires en Méditerranée. (...)

Les équipages de ces navires ambulances sont désormais obligés de se rendre dans le port sûr qui leur est attribué tout de suite après avoir effectué un sauvetage. Par ailleurs, les ports de débarquements des exilés qui leur sont attribués sont très éloignés des zones de sauvetage. Une mesure qui contraint les navires à faire des jours de route et à s’absenter autant de temps de la zone de sauvetage. (...)

Bruxelles et Rome ont signé la semaine dernière avec le président tunisien un protocole d’accord qui prévoit notamment une aide européenne de 105 millions d’euros destinée à empêcher les départs de bateaux de migrants et lutter contre les passeurs, ainsi que l’intensification des retours des Tunisiens en situation irrégulière dans l’UE.

Un haut responsable européen s’exprimant sous couvert de l’anonymat a confirmé que l’UE souhaitait négocier avec l’Égypte et le Maroc des partenariats similaires.
"Politiques mortelles d’isolement"

Mais ces accords passés avec des régimes autoritaires sont très largement critiqués par les ONG de défense des exilés. L’allemande Sea-Watch déplore que "l’UE et ses États-membres continuent de durcir leurs politiques mortelles d’isolement" tandis que Human Rights Watch (HRW) estime que "l’Europe n’a rien appris de sa complicité dans les abus atroces commis à l’encontre des migrants en Libye". (...)

HRW a également pointé cette semaine dans un rapport "de graves abus" ces derniers mois chez les forces de sécurité tunisiennes contre les migrants africains, estimant que l’UE devrait "cesser son soutien" à ce pays dans la lutte contre l’immigration irrégulière. (...)