
Des lieux ultra-élitistes, où se retrouvent hommes d’affaires, banquiers et aristocrates subsistent dans la capitale. La plupart sont toujours fermés aux femmes.
C’est le dernier hôtel particulier des Champs-Elysées, construit au XIX e siècle à la gloire de la Païva. Le visage de cette courtisane devenue richissime orne encore le fronton du bâtiment, aujourd’hui occupé par un cercle d’hommes, le Travellers Club. Dans ce fastueux repaire, les membres, tous en costume cravate, se retrouvent au bar, non loin de la salle de jeux et d’une ravissante terrasse, où l’on peut fumer le cigare en bonne compagnie.
« Dans cet entre-soi masculin, on évite la source de trouble que constituent les femmes, apprécie l’avocat Ardavan Amir-Aslani. On ne va pas faire le coq en cherchant à briller. » On croise toutefois, au pied de l’imposant escalier taillé dans l’onyx, une femme, dont le travail consiste à cirer les chaussures de ces messieurs. (...)
En montant les marches, on trouve une autre figure féminine, un bas-relief en marbre blanc représentant la déesse de la mer Amphitrite, à laquelle chaque nouveau venu doit caresser les fesses. C’est le côté canaille de la maison. Pas de quoi choquer les quelques dames, d’un âge plutôt avancé, installées au restaurant à l’étage, autorisées à y déjeuner car invitées par un membre du club. (...)
Le Travellers figure parmi les quatre cercles parisiens les plus prestigieux, tous créés sur le modèle des gentlemen’s clubs anglais du XIXe siècle. « L’idée était de ne pas être pollués par la gent féminine, avec qui les relations étaient considérées comme futiles », rappelle Alain Marty, auteur du guide « Cercles et réseaux d’influence ». (...)
l’un de ses membres, l’avocat Christian Charrière-Bournazel. En janvier dernier, il invite à déjeuner Olivier Cousi et Nathalie Roret, fraîchement élus bâtonnier et vice-bâtonnière du Barreau de Paris. « Alors que nous nous installions, un maître d’hôtel est venu me dire que les femmes n’étaient plus admises et m’a demandé d’aller au restaurant du rez-de-chaussée, bien plus commun et sans vue sur la Concorde, s’étonne encore Christian Charrière-Bournazel. J’ai écrit au président du club pour lui demander comment c’était possible à notre époque. Il m’a répondu que l’on avait remis le membre au centre du cercle. Moi, je lui ai remis ma démission. » (...)