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A Lille, un jardin partagé par et pour les habitants
Article mis en ligne le 7 mai 2014
dernière modification le 26 avril 2014

(...) Tout en discutant, Elise cueille des fleurs de bourrache. « Au départ, je venais pour jardiner. Je pensais que les gens venaient pour produire sur leur parcelle. Quand Geneviève et Chantal me disaient "ici, c’est surtout du lien social", je ne comprenais pas trop. »

Nous sommes à vingt minutes à pied du centre de Lille, quartier Moulins, dans un jardin. Tout autour de cet hectare de verdure aux airs anarchiques, le regard porte sur des façades en brique. Au cœur de la ville, c’est le « jardin des (Re)trouvailles ».

Ce samedi après-midi, ils sont une petite dizaine à s’activer, ou à flâner dans les allées. Comme souvent, c’est « Pépé », le premier arrivé, qui a ouvert le portail du lieu protégé par une grille. Dans le quartier, comme lui, une quinzaine d’habitants-jardiniers, membres de l’association gestionnaire du jardin, connaissent le code du cadenas.

Selon la règle des « jardins ouverts et néanmoins clôturés » (Jonc), Pépé a ensuite laissé le portail grand ouvert pour inviter le passant à la curiosité. Depuis dix-sept ans, c’est ainsi que l’on pénètre dans « le plus ancien jardin communautaire créé en France », assure Benjamin Gourdin, directeur adjoint des Amis des jardins ouverts et néanmoins clôturés (Ajonc). Des jardins non seulement conçus par les habitants, mais également entretenus et animés collectivement par eux-mêmes. (...)

Depuis la création du jardin des (Re)trouvailles en 1997 par une association de quartier, le concept du jonc, inventé par cette association, a essaimé dans toute la région Nord-Pas-de-Calais. Aujourd’hui « tête de réseau », l’association des Amis des Jonc assure le lien entre les groupes autonomes, organise des formations au jardinage, facilite les projets inter-jonc comme l’apiculture, et peut leur fournir une aide logistique.

Elle contribue également à l’éclosion des nouveaux projets, toujours plus nombreux : « 78 jardins sont actuellement en préparation », précise Benjamin Gourdin. Hier encore association de quartier, l’Ajonc, qui compte aujourd’hui sept permanents, est désormais sollicitée par tous types de structures à l’échelle régionale, de la maison de quartier à la collectivité. L’association intervient même dans le cadre de projets plus larges de « rénovation urbaine ».

Le jardin communautaire devient ainsi, dans certaines agglomérations du Nord-Pas-de-Calais, un outil de politique urbaine au sens large : autour d’un projet environnemental, il permet aux habitants de s’approprier leur quartier, crée du lien social et du bien-vivre. (...)