
Les délégués de 194 États ont tenté, en vain, de se mettre d’accord sur une réduction de leurs émissions de CO2. Comment se déroulent les négociations ? Comment s’exercent les rapports de force entre puissants et petits pays ? Quelles sont les techniques des uns ou des autres pour retarder un accord, ou au contraire y aboutir ? Plongée dans les coulisses de la conférence où celui qui ne s’endort pas à la fin sort gagnant. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la planète.
Quiconque n’est pas familier des conférences sur le climat se pose souvent une question : que peuvent bien y fabriquer les milliers de participants pendant deux semaines ? Des dizaines d’ateliers informels ouverts seulement aux délégués des 194 États se déroulent quotidiennement. On y discute financements ou stratégies de réduction des émissions. C’est derrière ces portes closes que sont adoptés les textes présentés ensuite en séances plénières où ils sont amendés, avant de retourner en groupe informel pour être retravaillés. Exclus de ces enceintes, journalistes et militants associatifs errent dans les couloirs. Les files s’allongent pour prendre un café. Les terrasses sont plus populaires que les salles de conférence de presse. Accroché à son portable, on lorgne les derniers tweets. (...)
Tout se négocie, y compris la manière dont est portée la voix de la société civile. Ici, prière de mettre au placard les autocollants rejetant les marchés carbone. Seul le port du t-shirt « I love KP » (j’aime le protocole de Kyoto) est autorisé.
Ces règles strictes n’empêchent pas six jeunes canadiens de se lever en plénière et d’arborer un t-shirt invitant à « tourner le dos au Canada », alors que leur ministre de l’Environnement monte à la tribune. Ironie du sort, au moment même où ces six jeunes sont expulsés du centre de conférence, le gouvernement canadien donne son feu vert à Total pour un projet de 6,6 milliards d’euros, afin d’extraire le pétrole de ses sables bitumineux, une technique ultra polluante et très gourmande en eau. Vous avez dit décalage ?
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