
Jon Palais, faucheur de chaises, doit être jugé lundi 9 janvier après-midi pour « vol en réunion » au tribunal de Dax. Les militants en profiteront pour rappeler le sens de leurs actions : lutter contre l’évasion fiscale. Rappel des faits.
C’était le 19 octobre 2015. 41 « faucheurs de chaises » pénétraient dans l’agence BNP Paribas de la rue de Rivoli, à Paris. Deux minutes plus tard, suivant leur méthode éprouvée, ils en ressortaient en emportant 14 chaises. Après cette action, comme après toutes les autres, la banque a porté plainte. Puis, en juin dernier, Jon Palais, porte-parole des faucheurs lors de l’action du 19 octobre, a été convoqué à la gendarmerie près de chez lui. Il en est ressorti avec une nouvelle convocation, cette fois pour le tribunal correctionnel de Dax, le 9 janvier 2017 à 13h30. Il devra y répondre des faits de « vol en réunion », risquant 5 ans d’emprisonnement et 100.000 € d’amende.
Aujourd’hui, le procès de Jon Palais va se dérouler au tribunal de Dax. Les faucheurs de chaises (rassemblant les Amis de la Terre, ANV-COP21, Bizi !, Solidaires finances publiques et Attac), entendent y tenir celui de la BNP et des autres grandes banques, accusées d’évasion fiscale, symboliquement, dans les rues dacquoises.
Car l’évasion fiscale est une pratique très répandue chez les riches. (...)
" Aujourd’hui il nous manque des ressources pour investir dans la transition écologique et les services publics, et en parallèle on a un énorme problème de concentration des richesses », constate Thomas Coutrot, économiste et membre d’Attac. Redistribuer l’argent de l’évasion fiscale permettrait de répondre à ces besoins, et la manière la plus simple de redistribuer est de s’attaquer à la fraude fiscale. « On n’a même pas besoin d’une réforme fiscale, rien qu’en appliquant les règles actuelles, on pourrait aboutir à une redistribution des richesses non négligeable », poursuit M. Coutrot. (...)
Et la BNP dans tout ça ? « A partir de septembre 2015, alors que la COP21 approchait et que les États n’arrivaient par à remplir le fonds vert pour le climat, nous avions lancé une campagne de harcèlement de la BNP » rappelle Thomas Coutrot. Pourquoi elle ? « C’est la banque française qui détient le record de la présence dans les paradis fiscaux : 200 filiales selon le dernier décompte de la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires. »
Deux semaines avant l’ouverture de la COP21, les terribles attentats se sont déroulés le 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis. Dès le lendemain, la BNP appelait les faucheurs de chaises : « Ils nous ont dit que, vu l’état d’urgence, il serait extrêmement dangereux de continuer les occupations illégales de leurs agences. Nous leur avons répondu alors que nous étions prêts à arrêter s’ils retiraient leurs filiales aux Îles Caïmans » raconte Thomas Coutrot. Le 23 novembre, la direction nationale de la BNP a reçu une délégation de faucheurs : la banque a refusé de fermer ses filiales aux Caïmans, et les actions contre les agences BNP se sont poursuivies… (...)
C’est six mois plus tard, en mai 2016, qu’une information est parvenue aux oreilles d’Attac : « La direction de BNP Paribas a annoncé le 3 mai dernier au Comité central d’entreprise la fermeture de ses filiales dans les îles Caïmans. C’est le résultat direct de la pression des Faucheurs de chaises sur les banques impliquées dans les paradis fiscaux » annonce alors fièrement l’ONG. (...)
Car les militants devraient profiter de ce procès pour mobiliser et faire du bruit à Dax. Une après-midi revendicative et festive est prévue au Carreau des Halles, non loin du tribunal, avec notamment Edgar Morin, José Bové, Martine Billard (Parti de gauche), Jean-François Julliard (Greenpeace), Alain Deneault, HK et les Saltimbanks. (...)