
Éléments de contexte : @CarolineFiat54 était soignante avant d’être élue en 2017. Elle s’est toujours battue pour l’inscription dans la loi du ratio patient soignant, qui correspond à une augmentation significative du nombre de soignants dans les établissements en sous-effectifs.
— Sébastien DELOGU (@sebastiendelogu) October 26, 2022
Cette nuit E. Borne est arrivée dans l'hémicycle pour enclencher un 49-3 sur la loi de finances de la sécurité sociale.
Vous vous rappelez des larmes d'émotion de @CarolineFiat54 parce que son amendement pour un ratio patient/soignant avait été adopté ? Il va sans doute sauter.
— Alma Dufour (@alma_dufour) October 27, 2022
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16 janvier 2022
Le personnel infirmier joue un rôle essentiel dans la prestation des soins de santé de qualité. Pourtant en France le nombre d’infirmiers par patient n’est pas suffisant tant leurs tâches sont nombreuses. Une étude australienne publiée dans la prestigieuse revue médicale "The Lancet" démontre qu’embaucher plus de personnel infirmier sauve des vies et permet de d’importantes économies à moyen et long terme.
L’étude australienne a été menée entre 2016 et 2018 sur plus de 400.000 patients et 17 000 infirmiers dans 55 hôpitaux du Queensland, un Etat australien situé au nord-est du pays. Dans les 27 établissements où le ratio d’un professionnel pour quatre patients a été respecté - au lieu d’un pour cinq auparavant, passant à un pour sept la nuit - et comparé aux 28 autres (à un pour six), le risque de décès jusqu’à 30 jours après la sortie et de réadmission dans les sept jours a chuté de 7%. La durée du séjour a diminué de 3%.
Augmenter le nombre d’infirmières par patient a permis d’éviter 145 décès, 255 réadmissions et près de 30.000 jours d’hospitalisation. Le manque d’infirmières provoque des complications chez les patients, principalement des complications infectieuses comme des infections nosocomiales, des complications de plaies opératoires, ou des escarres quand on mobilise moins les patients. Finalement, les patients restent plus longtemps à cause de ces complications, et reviennent à l’hôpital.
Dans l’étude, les chercheurs se rendent compte que le coût des réadmissions et de cette durée de séjour augmentée revient à 69 millions de dollars. Alors qu’engager un nombre suffisant d’infirmières représente moins de la moitié, à savoir 33 millions de dollars.
La même étude a été réalisée en Irlande. Les résultats sont similaires. Les chercheurs ont estimé que le manque d’infirmiers coûte 31,3 millions d’euros pour l’ensemble du système de santé de l’Irlande. Si engager plus d’infirmiers coûte cher à court terme, cela diminue le nombre de réadmissions et les durées du séjour hospitalier. Donc à moyen et long terme, c’est efficace économiquement d’augmenter le nombre du personnel soignant.
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/hopitaux-l-etude-qui-montre-qu-embaucher-plus-d-infirmiers-sauve-des-vies-et-plus-encore_2150634.html
Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC alerte régulièrement sur le doublement de la charge de travail infirmier depuis 10 ans : "le travail s’est densifié, au regard de la croissance et de la modification de l’activité, caractérisée par un virage ambulatoire, une augmentation de la sévérité des séjours et de l’âge moyen des patients en hospitalisation complète et une contraction de la durée moyenne de séjour."
"Les personnels infirmiers font part d’un sentiment d’alourdissement de la charge de travail et de densification du temps de travail, sentiment que les données d’activité permettent d’objectiver."
"Le report d’une partie de l’activité d’hospitalisation complète vers l’ambulatoire a pour conséquence l’augmentation de la sévérité des cas traités en hospitalisation complète : si les séjours de sévérité « une » diminuent de 5 %, ceux de sévérité « deux » et « trois » augmentent respectivement de 16,5 % et 13,4 % sur la période, la hausse atteignant 46,1 % pour les séjours de sévérité « quatre ». "
" L’alourdissement du poids moyen du cas traité tient également au vieillissement de la patientèle, marqué sur les sévérité trois et quatre, lequel accroît la probabilité de comorbidités et le temps nécessaire aux soins. En effet, les patients plus âgés appellent en moyenne non seulement des soins plus techniques mais aussi, à pathologie équivalente, davantage de soins de nursing.
Ces patients demandent également plus de temps consacré à leur expliquer les soins et à les rassurer selon ce qu’indiquent les équipes soignantes. Les patients plus âgés prennent en outre davantage de traitements (antérieurs à l’hospitalisation), d’où une gestion plus délicate des effets médicamenteux. Les équipes soignantes soulignent également la fréquence accrue de situations sociales dégradées compliquant la prise en charge, à pathologie équivalente"
"Le ressenti des personnels infirmiers repose donc sur une réelle densification de leur travail, lié à un facteur exogène, à savoir le vieillissement de la population, au développement de l’ambulatoire pour les niveaux de sévérité les plus faibles et à l’organisation des soins pour les niveaux de sévérité plus élevés."
Le nombre de patients par infirmière impacte la qualité et la sécurité des soins, mais les exemples étrangers montrent que c’est aussi rentable économiquement ! Aussi le SNPI se demande pourquoi la France est-elle en train de saborder les établissements hospitaliers ? (...)