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34 ans après, s’ouvre enfin le procès des assassins de Thomas Sankara qui avait osé défier avec ses réformes au Burkina Faso la France et le FMI.
/Attac
Article mis en ligne le 9 octobre 2021

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Le procès de l’assassinat en 1987 lors d’un coup d’Etat de Thomas Sankara->https://information.tv5monde.com/afrique/burkina-proces-de-l-assassinat-de-thomas-sankara-34-ans-apres-sa-mort-427672], ex-président et "père de la révolution" burkinabè devenu une icône panafricaine, s’ouvre lundi devant le tribunal militaire de Ouagadougou, suscitant 34 ans après des espoirs de "vérité" et de "justice".

Le procès va se tenir en l’absence du principal accusé, l’ancien président Blaise Compaoré, qui avait pris le pouvoir lors du putsch de 1987 et s’y est maintenu pendant 27 ans avant d’être renversé à la suite d’une insurrection populaire en 2014.

Pour justifier cette absence, ses avocats ont dénoncé jeudi un "procès politique" devant une "juridiction d’exception".

Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1983, Thomas Sankara a été tué le 15 octobre 1987 avec douze de ses compagnons par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.

Quatorze des principaux accusés seront jugés, dont Blaise Compaoré, 70 ans, qui vit en exil en Côte d’Ivoire où il a obtenu la nationalité ivoirienne, et le général Gilbert Diendéré, 61 ans, un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987.

Devenu ensuite chef d’état-major particulier du président Compaoré, le général Diendéré purge déjà au Burkina une peine de 20 ans de prison pour une tentative de coup d’Etat en 2015.

Tous deux sont accusés de "complicité d’assassinats", "recel de cadavres" et "d’attentat à la sûreté de l’Etat".

Bras droit de Sankara, Blaise Compaoré a toujours nié avoir commandité l’assassinat de son frère d’armes et ami intime, bien que le putsch de 1987 l’ait porté au pouvoir.

Des soldats de l’ancienne garde présidentielle de Compaoré, notamment l’ancien adjudant-chef Hyacinthe Kafando, accusé d’avoir été le chef du commando et actuellement en fuite, figurent également parmi les prévenus.

La mort de Thomas Sankara, leader révolutionnaire qui voulait "décoloniser les mentalités" et bouleverser l’ordre mondial en prenant la défense des pauvres et des opprimés, a été un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de M. Compaoré.

L’affaire a été relancée en 2015 par le régime de transition démocratique et un mandat d’arrêt émis contre M. Compaoré par la justice burkinabè en mars 2016. (...)

Pour le Comité international mémorial Thomas Sankara (CIMTS), ce procès est "une victoire" qui montre que "le Burkina Faso, patrie des hommes intègres, est un Etat de droit dans lequel l’impunité n’est pas une valeur de référence".

"C’est un privilège de pouvoir assister à l’aboutissement de cette longue attente", s’est réjoui le colonel Pierre Ouédraogo, président du CIMTS, qui commémore les 34 ans de l’assassinat du jeune dirigeant sous le thème "octobre, mois de la justice et d’hommage pour Thomas Sankara et ses compagnons".

"C’est un espoir de justice", estime pour sa part Jean Hubert Bazië, ancien directeur de cabinet au ministère de la Justice sous la révolution sankariste, expliquant que des enfants de victimes "qui avaient 3 mois au moment de l’assassinat de leur père ont grandi dans l’espoir de voir ce procès aboutir". (...)

Selon le CIMTS, "sauf contrainte de dernière minute" , la veuve de Thomas Sankara, Mariam, qui vit depuis 1990 à Montpellier dans le sud de la France, devrait assister à l’ouverture du procès.