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France24
17 octobre 1961 : la déclaration d’Emmanuel Macron critiquée de toutes parts
Article mis en ligne le 17 octobre 2021
dernière modification le 20 octobre 2021

Pour beaucoup d’historiens, la déclaration d’Emmanuel Macron samedi est une déception. Le président n’a finalement pas qualifié le massacre d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961 de "crime d’État". En France, la droite et l’extrême droite ont, elles, dénoncé une déclaration perçue comme un nouvel acte de repentance, tandis qu’en Algérie, le président Tebboune a fustigé le colonialisme "chronique" de la France.

Des "crimes inexcusables pour la République". Les propos d’Emmanuel Macron, samedi 16 octobre, publiés par communiqué à l’occasion de la commémoration du massacre d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, ont suscité nombre de réactions parmi les militants, historiens, ainsi que la classe politique, parfois de manière contradictoire. Le président, qui considère avoir "reconnu les faits", a été critiqué pour ne pas avoir qualifié de "crime d’État" la répression sanglante de la manifestation pacifique à Paris qui a fait plusieurs dizaines de morts, il y a 60 ans. À droite, des personnalités politiques ont fustigé la commémoration du chef de l’État, dénonçant une repentance excessive.

Une reconnaissance "en deçà" des attentes

Il s’agit "d’un petit pas qui va permettre à Emmanuel Macron de ne pas en faire un plus grand", estime Olivier Le Cour Grandmaison, président de l’association 17 octobre 1961 : contre l’oubli et professeur de sciences politiques à l’université Paris-Saclay, sur France 24. (...)

"La déclaration d’Emmanuel Macron est très en deçà de ce que nous étions en droit d’attendre", dénonce-t-il, jugeant que le massacre des manifestants algériens le 17 octobre 1961 est indéniablement un crime d’État. "Croire ou ne faire croire qu’un instant que Maurice Papon [alors préfet de police de Paris, NDLR] a pu agir tout au long du mois d’octobre 1961, et le 17 octobre en particulier, de sa libre initiative et que la responsabilité du Premier ministre et donc du gouvernement dans sa totalité n’est pas engagé est une mauvaise fable." (...)

Le communiqué de l’Élysée, publié après la commémoration, indique que le chef de l’État "a reconnu les faits : les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République".

Mais l’historien spécialiste de l’histoire coloniale de la France Gilles Manceron juge également la déclaration du président Macron insuffisante, rappelant que c’est le Premier ministre de l’époque, Michel Debré, qui a décrété avant le massacre, "un couvre-feu discriminatoire réservé aux seuls Algériens".

"C’est un crime d’État, ce n’est pas un crime préfectoral", affirme-t-il sur France 24, regrettant, par ailleurs, que nombre d’archives n’aient pas encore étés rendues accessibles par la France. (...)

Dimanche, l’historien Benjamin Stora, auteur du rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie remis à l’Élysée en janvier 2021, a défendu l’approche du président, jugeant qu’elle constitue une "avancée" : "C’est la première fois qu’un chef d’État en exercice utilise le mot ’crime’ et l’accole à la question de l’État et donc à la République", a-t-il déclaré sur France Inter.

"Propagande victimaire"

Le 17 octobre 1961, une manifestation pacifique de quelque 30 000 Algériens, à l’appel de la fédération française du FLN, avait été réprimée dans le sang par le préfet de police Maurice Papon. Le nombre de morts est estimé par les historiens à au moins plusieurs dizaines, dont certains tués par balles et jetés dans la Seine.

À droite, certaines personnalités politiques considèrent néanmoins qu’Emmanuel Macron s’adonne à une forme de repentance excessive. (...)