
« Nous sommes des rescapés du Bataclan et les oubliés de l’administration », a résumé à la barre de la cour d’assises spéciale Alain, un ex-policier de la Bac75N, la brigade anti-criminalité de nuit.
Alain, Michel, Emmanuel, « primo-intervenants » dans l’enfer du Bataclan, font partie des policiers qui se sont constitués partie civile pour que leur rôle et la bravoure quasiment insensée dont ils ont fait preuve, ne soient pas oubliés.
Mal équipés - Alain se souvient qu’il ne portait ce soir-là que son casque de maintien de l’ordre qui ne protège pas contre des balles de kalachnikov et une simple arme de poing -, 17 policiers de la Bac75N n’hésitent pas quand leur « patron », le commissaire C., le premier à entrer au Bataclan avec son chauffeur, les prévient par radio qu’une attaque s’y déroule.
Les policiers arrivent à proximité peu après 22 h, mais « à 180 mètres de la salle, on nous arrête. Un homme (officier de police) nous dit de ne pas y aller, d’attendre la BRI » (Brigade de recherche et d’intervention), raconte Michel.
« Ce jour-là, on n’a pas obéi aux ordres. Notre commissaire est à l’intérieur. Il demande de l’aide. J’ai dit à ce petit monsieur : on y va ! », poursuit l’ancien policier.
« Je vous aime » envoyé en SMS
Les policiers de la Bac avancent en colonne, les mieux équipés devant, les moins bien équipés derrière. Dès l’entrée dans la salle, à 22 h 20, ils découvrent des corps enchevêtrés.
Michel envoie un SMS à sa famille pour lui dire : « Je vous aime ». « Je pensais qu’on allait y passer », avoue-t-il.
Dans la salle, ce sont des visions « apocalyptiques ». « Nos pieds heurtent des chargeurs de kalach, des corps sont entreposés les uns sur les autres », se souvient Michel.
Une des premières personnes vivantes qu’ils découvrent est un enfant de 5 ans, un casque anti-bruit sur les oreilles, que sa mère avait emmené dans la salle. L’enfant est exfiltré. (...)