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103 parlementaires LR demandent à Macron de "renoncer à privatiser Aéroports de Paris"
Article mis en ligne le 26 février 2019

Guillaume Peltier, vice-président des Républicains et député du Loir-et-Cher, interpelle Emmanuel Macron dans une tribune au JDD, co-signée par 102 autres parlementaires LR, sur son projet de privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). (...)

Les aéroports du Bourget, de Roissy et d’Orly forment une frontière stratégique pour notre pays

Au-delà des 5 millions de ­Franciliens concernés par les nuisances aériennes, les aéroports du Bourget, de Roissy et d’Orly forment une frontière stratégique pour notre pays. Avec près de 100 millions de passagers par an, ils permettent de contrôler étroitement les migrations internationales. Avec l’augmentation du trafic aérien, ces dernières devraient progresser de 4,5% à 6% chaque année d’ici à 2035, selon le FMI. Roissy-Charles-de-Gaulle deviendrait alors la première porte d’entrée migratoire en Europe.

En privatisant ADP, le gouvernement fait le choix de la gestion privée au détriment de notre souveraineté. À l’exception de Londres, toutes les grandes nations développées, y compris les plus libérales comme les États-Unis, ont fait le choix de la maîtrise des frontières. Aucun aéroport américain n’est privatisé. Aucune frontière n’est gérée par une entreprise privée.

Nous croyons en l’initiative privée lorsqu’elle sert l’intérêt général

Au-delà, notre opposition à ce projet réside dans l’ADN économique de la droite républicaine : nous croyons en l’initiative privée lorsqu’elle sert l’intérêt général. L’État stratège a procédé à des privatisations utiles pour nos concitoyens. Qui souhaiterait remettre en cause la fin du monopole du gaz, des télécommunications ou même du transport aérien ? Mais certaines ont abouti à des situations de cartels ou à des échecs économiques. La vente récente de l’aéroport de Toulouse à un groupe chinois, décidée par Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie, a été déplorée par la Cour des comptes en octobre 2018. Cette dernière y a constaté "de graves insuffisances" et une ­absence de "réflexion de l’État quant à la stratégie à adopter face à certains investisseurs étatiques étrangers".

L’intelligence économique devrait nous alerter. Un aéroport est par essence un monopole naturel : lorsqu’un Francilien voyage en avion, il n’a pas le choix entre Paris ou Berlin. Il prend celui qui est le plus proche de chez lui. Sans réelle concurrence, l’actionnaire détient alors une clientèle captive. Privatiser un monopole naturel conduit toujours à une situation de rente qu’il faut éviter plutôt qu’encourager.

Privatiser plutôt que réformer : voici le choix caché de la majorité à l’Assemblée

La privatisation d’ADP répond à une vision de court terme à laquelle nous nous opposons. Si elle devait avoir lieu, cette cession rapporterait moins de 10 milliards d’euros à l’État, soit à peu près le coût annuel des mesures annoncées par Emmanuel Macron en décembre dernier. Privatiser plutôt que réformer : voici le choix caché de la majorité à l’Assemblée. En affaiblissant notre souveraineté, le projet de loi actuel insulte l’avenir des générations futures. Les aéroports constituent des infrastructures, sources de pollution sonore et atmosphérique, qui ne peuvent être confiées à des opérateurs privés en quête de profits et donc de trafic.

Dans nos deux chambres, cette privatisation interroge et transcende l’ensemble des clivages partisans. Comme en 1970, elle a réuni contre elle toutes les sensibilités républicaines : la délibération parlementaire a abouti, dans un contexte de débat national, à un consensus entre différents groupes politiques. Nous demandons ici que, à la manière de Paul Ricœur, Emmanuel Macron prenne en compte ce ’consensus conflictuel’ et renonce à la privatisation des aéroports de Paris."