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France24/AFP/AP
Washington retire son soutien à la Colombie dans la lutte antidrogue : que signifie cette décision ?
#USA #Trump #Colombie #drogue
Article mis en ligne le 18 septembre 2025

La Colombie a été retirée lundi de la liste des pays alliés de Washington dans la lutte contre le trafic de drogue. Une décision inédite, qui met fin à près de quarante ans de partenariat, et accentue les tensions entre le président américain Donald Trump et son homologue colombien Gustavo Petro.

C’est une gifle diplomatique. Après des décennies d’alliance étroite contre le trafic de drogue, Washington a décidé lundi 15 septembre de ne plus considérer la Colombie comme une alliée dans cette lutte. Le message est clair : face à l’explosion de la production de cocaïne dans le pays, Donald Trump estime que le gouvernement de Gustavo Petro n’est plus un partenaire fiable.

Depuis 1986, les États-Unis évaluent chaque année les politiques antidrogues de quelque 20 pays producteurs et distributeurs de substances illégales. Première productrice mondiale de cocaïne, la Colombie recevait jusqu’à 380 millions de dollars d’aide américain annuelle dans ce cadre.

Mais en 2023, la production de chlorhydrate de cocaïne y a atteint un record de 2 600 tonnes, soit 53 % de plus qu’un an auparavant, selon l’ONU. Pour Washington, les politiques menées par le président de gauche Gustavo Petro, au pouvoir depuis 2022, n’ont fait qu’"exacerber la crise". (...)

Les efforts de l’armée colombienne fragilisés

Dans un document transmis au Congrès, l’administration Trump accuse le chef de l’État colombien de rechercher des arrangements "ratés" avec des "groupes narco-terroristes". (...)

Au-delà du symbole, cette suspension de l’aide américaine pourrait fragiliser les efforts de l’armée colombienne déjà mise à rude épreuve dans son combat contre les différentes guérillas et cartels qui opèrent dans le pays et tirent profit des revenus du trafic de drogue. (...)

De son côté, le chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis en Colombie, John McNamara, a assuré que les services consulaires, les projets humanitaires et la coopération en matière de défense se poursuivraient. (...)

La Maison Blanche laisse toutefois la porte ouverte à un revirement : sa décision pourrait être "modifiée" si le gouvernement colombien s’engageait à prendre des "mesures agressives".
La riposte colombienne

À Bogota, la décision est vécue comme une ingérence. Gustavo Petro a dénoncé une tentative américaine de "s’immiscer dans la politique intérieure colombienne" à l’approche de la présidentielle de l’an prochain. (...)

Lors d’un Conseil des ministres, il a également rappelé le coût humain de la lutte contre les cartels, "après la mort de dizaines d’agents de police et de soldats". En représailles symboliques, Bogota a suspendu mardi ses achats d’armes auprès des États-Unis.

De son côté, le chef des armées colombien, Francisco Cubide, a également promis que son pays poursuivrait ses opérations contre le narcotrafic "avec ou sans le soutien" américain. (...)

À Bogota, la décision est vécue comme une ingérence. Gustavo Petro a dénoncé une tentative américaine de "s’immiscer dans la politique intérieure colombienne" à l’approche de la présidentielle de l’an prochain.

Pour Sandra Borda, professeure de relations internationales à l’Université Los Andes de Bogota, la décision américaine aura peu d’impact opérationnel immédiat : la coopération militaire devrait se poursuivre. Mais elle risque d’envenimer la relation bilatérale : "Les relations entre les administrations Petro et Trump sont difficiles. Il y a des déclarations hostiles, et je pense que nous allons assister à une escalade de la tension", analyse-t-elle auprès de l’Associated Press.