
Vinted, Leboncoin, Vide Dressing… Les articles d’occasion ou de seconde main séduisent de plus en plus les acheteurs avec leurs prix réduits par rapport au neuf et surtout, leur promesse d’un modèle plus vertueux. Mais une consommation véritablement responsable est-elle possible si l’on oublie, au passage, le premier "R" de la démarche des "trois R" ?
Réduire, réutiliser, recycler : dans ce concept, l’ordre a son importance
la baisse du coût des vêtements résultant de l’économie circulaire peut accroître la consommation, alertent des chercheurs de la Sheffield University Management School et de l’université de Pise dans une étude (Journal of Cleaner Production, mars 2024). Car ces produits, à la fois bon marché et donnant bonne conscience, incitent le consommateur à remplir toujours plus ses placards. (...)
"En temps normal, une économie circulaire produit des effets environnementaux positifs lorsque des produits secondaires (les biens recyclés, réutilisés ou de seconde main, NDLR) sont en mesure de remplacer les produits primaires (neufs)", explique Pierluigi Zerbino, ingénieur en économie circulaire et innovation numérique à l’université de Pise, coauteur de l’étude (La Reppublica).
"On tient pour acquis que (cette) substitution a lieu, mais en réalité, il existe des mécanismes d’offre et de demande" qui peuvent changer la donne, souligne-t-il. (...)
"L’économie circulaire n’est pas intrinsèquement durable"
Cet effet rebond contribue au dépassement des limites planétaires, comme l’expliquait à GEO Audrey Boehly, auteure de l’ouvrage Dernières limites (éd. rue de l’Échiquier) : "Prenons le cas de la voiture : les moteurs thermiques sont désormais bien plus efficaces [une distance prolongée avec moins de carburant] qu’ils ne l’étaient il y a 15 ou 20 ans. Mais du fait que l’on parcourt davantage de kilomètres, et ce, avec des voitures plus lourdes, au final, nous consommons aujourd’hui plus d’essence qu’avant."
Pour le chercheur italien, il n’existe pas de solution miracle, mais des mesures peuvent être prises au cas par cas. "La première est de parler de ce phénomène et donc de reconnaître que l’économie circulaire n’est pas intrinsèquement durable, mais un moyen d’atteindre la durabilité", souligne-t-il. "Deuxièmement, plus la valeur du produit est faible, plus il devient difficile de gérer l’effet rebond". (...)
"Le véritable défi commence par faire beaucoup de communication et de sensibilisation sur les comportements de consommation et de non-consommation." (...)