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La vie des idées
Université, service public ou secteur productif ?
#universite #Macron
Article mis en ligne le 15 février 2024
dernière modification le 14 février 2024

L’annonce d’une “vraie révolution de l’Enseignement Supérieur et la Recherche” traduit le passage, organisé par un bloc hégémonique, d’un service public reposant sur des carrières, des programmes et des diplômes à l’imposition autoritaire d’un modèle productif, au détriment de la profession.

L’annonce d’une « vraie révolution » de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) par Emmanuel Macron le 7 décembre, a pour objet, annonce-t-il, d’« ouvrir l’acte 2 de l’autonomie et d’aller vers la vraie autonomie avec des vrais contrats pluriannuels où on a une gouvernance qui est réformée » sans recours à la loi, avec un agenda sur dix-huit mois et sans modifications de la trajectoire budgétaire. Le président sera accompagné par un Conseil présidentiel de la science, composé de scientifiques ayant tous les gages de reconnaissance, mais sans avoir de lien aux instances professionnelles élues des personnels concernés. Ce Conseil pilotera la mise en œuvre de cette « révolution », à savoir transformer les universités, en s’appuyant sur celles composant un bloc d’excellence, et réduire le CNRS en une agence de moyen. Les composantes de cette grande transformation déjà engagée sont connues. Elle se fera sans, voire contre, la profession qui était auparavant centrale. (...)

La transformation de la régulation administrée du système éducatif, dont nombre de règles perdurent, et l’émergence d’une régulation néolibérale de l’ESR, qui érode ces règles, procède par trois canaux : transformation du travail et des modalités de construction des carrières ; mise en concurrence des établissements ; projection dans l’avenir du bloc hégémonique (i.e. les nouveaux managers). L’action de ces trois canaux forment une configuration nouvelle pour l’ESR qui devient un secteur de production, remodelant le système éducatif hier porté par l’État social. Il s’agissait de reproduire la population qualifiée sous l’égide de l’État. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase du capitalisme, et cette reproduction est arrimée à l’accumulation du capital dans la perspective de rentabilisation des connaissances et de contrôle des professionnels qui l’assurent.

Le couplage de l’évolution du système d’ESR avec la dynamique de l’accumulation, constitue une nouvelle articulation avec le régime macro. Cela engendre toutefois des contradictions majeures qui forment les conditions d’une dégradation rapide de l’ESR. (...)