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France24/AFP
Une vague d’expulsion force 100 000 Afghans à quitter le Pakistan en trois semaines
#Pakistan #Afghanistan #refugies #expulsions #migrants #immigration
Article mis en ligne le 23 avril 2025

100 000 Afghans ont quitté le Pakistan depuis le lancement d’une campagne d’expulsion massive, le 1er avril, a annoncé mardi le ministère pakistanais de l’Intérieur. Islamabad accuse les trois millions de résidents afghans sur son sol d’être "liés au terrorisme et au narcotrafic"

Depuis que le Pakistan a lancé le 1er avril une campagne d’expulsion massive, "100 529 Afghans ont quitté le pays", pour plus de la moitié des enfants, dans lequel certains résidaient depuis des générations a annoncé, mardi 22 avril, le ministère pakistanais de l’Intérieur.

Islamabad, qui voit les violences exploser dans ses régions frontalières avec l’Afghanistan, accuse les trois millions d’Afghans sur son sol d’être "liés au terrorisme et au narcotrafic".

Fin 2023 déjà, quelque 800 000 Afghans étaient rentrés dans leur pays d’origine lors d’une première campagne similaire.

Au Pakistan, cette nouvelle campagne bénéficie d’un large soutien de la population. (...)

À l’inverse, un commerçant s’inquiète, en refusant de donner son nom : "Les Afghans acceptent des tâches dont les Pakistanais ont honte, comme ramasser les ordures. Qui le fera après leur départ  ?". (...)

De son côté, Kaboul, dont le gouvernement taliban n’est reconnu par aucun pays au monde, se dit "préoccupé" et "déçu" par ces expulsions et accuse son voisin d’utiliser les migrants "à des fins politiques".

Désormais, chaque jour, des convois de familles juchées avec leurs ballots faits à la hâte sur des camions colorés franchissent les deux postes-frontières entre le Pakistan et l’Afghanistan.

"Je suis né au Pakistan et je n’ai jamais mis les pieds en Afghanistan", s’inquiète Allah Rahmane, 27 ans, rencontré samedi par l’AFP au poste-frontière de Torkham, dans le nord-ouest du Pakistan.

Installés au Pakistan depuis des générations (...)

Là-bas, ne cessent de répéter les ONG, ces migrants de retour ne trouveront que marasme économique et pauvreté galopante. Nombre d’entre eux n’ont pas attendu de se faire arrêter pour partir, imaginant leur sort inéluctable.

Car si les violences ont quasiment disparu depuis le retour au pouvoir des talibans à l’été 2021, plus de la moitié de la population a besoin d’aide humanitaire pour survivre, ce qui fait de l’Afghanistan la deuxième plus grande crise humanitaire du monde.
Déscolarisation des enfants

Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les autorités talibanes ont imposé ce que l’ONU appelle un "apartheid de genre" : les femmes sont bannies des universités et des parcs. Leur accès au marché du travail est restreint, tandis que les salons de beauté et les salles de sport pour femmes ont été fermés. (...)

D’après le HCR, "58 % d’entre eux sont des enfants" - qui rentrent dans le seul pays au monde où les filles n’ont pas le droit d’étudier au-delà de 12 ans.

Naqibullah, 39 ans, rencontré par l’AFP du côté afghan de Torkham, sait déjà qu’il va devoir déscolariser ses filles. "Au Pakistan, elles allaient à l’école et apprenaient dans différents domaines, ici, elles ne pourront pas étudier et c’est un problème", lance-t-il.

Parmi les Afghans présents au Pakistan, des milliers ont quitté leur pays à la demande d’ambassades qui se sont retirées de Kaboul à la prise de pouvoir des talibans et délivrent désormais leurs visas à Islamabad, notamment.

Selon l’ONU, 85 % des Afghans vivent avec moins d’un dollar par jour. Les autorités talibanes assurent préparer des villes dédiées aux réfugiés, notamment une dans la province de Nangarhar, mais elle consiste pour l’heure en une piste tracée au milieu d’un désert de cailloux.

Le sort de ces "12 866 candidats", selon le département d’État américain, est aujourd’hui suspendu à la décision du président Donald Trump de reprendre les programmes d’aide aux réfugiés qu’il a gelés.

Le Pakistan, lui, a donné jusqu’au 30 avril aux ambassades pour évacuer ces réfugiés avant de les expulser également. Et le 30 juin, il réévaluera la situation des plus de 1,3 million de porteurs de carte du Haut commissariat aux réfugiés (HCR).