
Mike Kaganski, pilier du projet LibreOffice, a vu son compte Microsoft verrouillé sans explication valable après l’envoi d’un simple e-mail technique. Ce qui aurait pu n’être qu’un incident isolé révèle en réalité les failles – voire l’arrogance – d’un système automatisé opaque, où l’utilisateur est impuissant face à l’absurdité de l’algorithme.
Mike Kaganski est loin d’être un inconnu : développeur actif chez LibreOffice, il contribue depuis des années à l’une des rares alternatives crédibles à Microsoft Office. Le lundi 22 juillet, alors qu’il s’apprête à envoyer un message technique sur la liste de diffusion des développeurs LibreOffice, son client mail lui retourne une erreur. Une tentative de renvoi plus tard, son compte Microsoft est purement et simplement bloqué. (...)
Pas d’avertissement, pas d’explication. Et surtout, aucune méthode de récupération valable. “Il n’y avait pas de violation des conditions de service dans mon e-mail, j’en suis certain. J’ai probablement été signalé par un bot”, explique-t-il. La suite frôle le Kafka numérique.
L’appel ? Un parcours du combattant numérique, où l’on vous demande un numéro de téléphone, pour ensuite vous répondre : “Essayez une autre méthode”. Sauf que cette autre méthode n’existe pas. L’accès au support ? Possible uniquement en se connectant à son compte – bloqué, bien sûr. (...)
Microsoft, l’arbitraire algorithmique ?
Mike n’est pas un cas isolé. Sur Reddit, un autre utilisateur, u/deus03690, évoquait “un trou noir kafkaïen” lorsque Microsoft lui avait brutalement effacé 30 ans de fichiers personnels sur OneDrive :
“30 ans de photos et de travail irremplaçables sur OneDrive, envolés. Microsoft a répondu dix jours plus tard en promettant de m’aider ‘à chaque étape’, puis plus rien.”
Le tout intervient dans un contexte tendu, où LibreOffice accuse Microsoft de verrouiller ses formats de fichiers pour freiner la concurrence. Une stratégie qui, selon certains acteurs du logiciel libre, vise à maintenir une dépendance artificielle aux produits Microsoft. Pourtant, les lignes bougent : la ville de Lyon a récemment annoncé son passage à LibreOffice dans ses administrations, rompant ainsi avec une longue tradition d’outils Microsoft. Un signal fort, à l’heure où les collectivités cherchent à reprendre la main sur leurs données et leurs budgets.