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Une enquête révèle "l’inexcusable" soif de pétrole des pays qui en ont pourtant le moins besoin
#petrole #urgenceclimatique
Article mis en ligne le 31 juillet 2024
dernière modification le 28 juillet 2024

À l’approche de la 29e Conférence des parties (COP29) sur le climat prévue à Bakou en Azerbaïdjan en novembre prochain, les nations planchent déjà sur les engagements respectifs qu’elles s’apprêtent à annoncer fièrement. Pourtant, sur le terrain, leurs actions concrètes semblent montrer un tout autre visage.

Les licences d’exploitation de pétrole et de gaz naturel accordées en 2024, ou en voie de l’être d’ici la fin de l’année, correspondent en effet à l’émission de près de 12 milliards de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère – soit l’équivalent de la pollution annuelle de la Chine –, révèle une enquête du Guardian (24 juillet 2024). C’est quatre fois plus que le total des quatre années qui ont précédé.

Or, en dépit de leurs engagements en faveur du climat, les "pays les plus riches du monde" sont désormais "à la pointe" de l’expansion des combustibles fossiles sur la planète, suggèrent les données communiquées en exclusivité à nos confrères par l’Institut international du développement durable (IISD). (...)

Ainsi, à eux cinq, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, la Norvège et l’Australie sont à l’origine de plus des deux tiers (67 %) de toutes les nouvelles licences pétrolières et gazières délivrées dans le monde depuis 2020, détaille le média britannique.

Malgré la dépendance relativement faible aux hydrocarbures dans leur économie, la soif de pétrole de ces nations – qui disposent pourtant de moyens financiers pour accomplir leur transition énergétique – pousse un éditorialiste du Guardian à qualifier ceux-ci de "pétro-états", dans un article d’opinion publié conjointement à l’enquête. Un terme qui désignait jusqu’ici l’Irak, l’Arabie saoudite ou encore la Russie.

Parmi les cinq pays occidentaux pointés du doigts, celui qui a pesé le plus lourd – 83 % de toutes les licences accordées par les pays riches, et la moitié du total mondial – est l’Oncle Sam. Les États-Unis en ont ainsi délivré 20 % de plus sous l’administration Biden que lors du mandat de Donald Trump, qui a promis de "forer, bébé, forer" (drill, baby, drill) s’il revenait à la Maison Blanche, note le Guardian. (...)

De son côté, le Royaume-Uni a accordé "davantage de licences que n’importe quel autre pays au mois de mai." Si le gouvernement travailliste nouvellement élu s’est engagé à mettre un terme aux nouveaux forages, ceux autorisés jusque là ne seront pas nécessairement annulés. C’est cependant la Chine qui devrait approuver "le plus grand nombre de blocs pétroliers et gaziers d’ici à la fin de l’année."
"Destructeurs de la planète"

"La première étape logique d’une ’transition vers l’abandon’ du pétrole et du gaz est de cesser d’ouvrir de nouveaux gisements. Il est donc très inquiétant de constater que l’activité d’exploration ne s’est pas seulement poursuivie depuis l’accord de la Cop28, mais qu’elle a augmenté", déplore Olivier Bois von Kursk, conseiller politique à l’IISD, qui a contribué à l’analyse. (...)

Nous sommes à l’ère de l’Anthropocène. Et les pays développés, les principaux émetteurs, ne prennent pas cette question au sérieux.