Contrairement à Greta Thunberg, cette militante reconnue pour ses critiques acerbes dénonçant l’inaction face à la crise climatique, une jeune écologiste australienne mise sur sa détermination et sa bonne humeur pour faire bouger les choses. Elle est fondatrice d’une organisation qui aide les jeunes à canaliser leur écoanxiété. La Presse lui a parlé.

Clover Hogan, 25 ans, aurait toutes les raisons du monde d’être en colère. L’année 2024 a établi un nouveau record de température moyenne à l’échelle planétaire. Les phénomènes météo extrêmes prennent de l’ampleur et la collaboration internationale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) bat de l’aile. (...)

Pour rajouter au portrait d’ensemble, Clover Hogan s’est aussi retrouvée dans la ligne de mire de l’homme le plus riche du monde, Elon Musk. (...)

Un message vu 75 millions de fois qui lui a valu son lot de propos haineux sur X, la plateforme autrefois appelée Twitter.

Comment une jeune femme presque inconnue du grand public a-t-elle pu attirer l’attention du fondateur de Tesla ?

« La photo qu’il a utilisée pour le mème a été prise lors d’une conférence que j’ai donnée peu de temps avant, durant laquelle j’avais parlé des dangers des solutions miracles pour le climat », explique-t-elle, au cours d’une entrevue par visioconférence avec La Presse. (...)

« Mais si vous êtes capable de mettre en colère l’homme le plus riche du monde, peut-être faites-vous quelque chose de bien », poursuit-elle.

L’action pour combattre l’écoanxiété

Clover Hogan ne s’en cache pas : elle est écoanxieuse. Mais au lieu de laisser ses émotions prendre le dessus, elle a décidé de passer à l’action (...)

À 19 ans, elle a fondé Force of Nature, un organisme qui aide les jeunes à canaliser leur anxiété climatique. Une idée qui lui est venue après avoir rencontré des adolescents dans une classe au Royaume-Uni, où elle réside dorénavant. (...)

« Force of Nature est vraiment né de cette idée que l’écoanxiété est une réaction très saine et que ces jeunes, s’ils n’ont pas de moyens pour traduire ces sentiments en actions, vont être habités par le désespoir et le ressentiment à l’égard du monde ». Clover Hogan

La jeune femme a alors gagné en popularité et s’est fait inviter à plusieurs tribunes où elle a répété son message au nom des jeunes, dont à la COP26, à Glasgow, en Écosse.

Après plus de cinq ans d’existence, Force of Nature compte aujourd’hui une équipe d’une dizaine de personnes et multiplie les initiatives dans plusieurs pays.

Récemment, Clover Hogan a décidé qu’il était temps de passer à autre chose et a cédé sa place à la tête de Force of Nature. « C’est un travail très gratifiant et passionnant, mais qui n’est pas exempt de pressions et d’angoisses. »

Elle dit avoir plusieurs projets sur la table et, sans surprise, la crise climatique y occupe toujours une place centrale.

La vie de militante pour le climat n’est pas un long fleuve tranquille, rappelle-t-elle. « On voit bien comment les jeunes femmes sont traitées. On l’a vu avec Greta Thunberg, qui s’est fait souvent traiter d’hystérique. »

Sa source d’inspiration, ce sont les gens « ordinaires », précise-t-elle. (...)

« Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de voir des gens ordinaires s’impliquer, parce que les enjeux sont tout simplement trop importants pour qu’on reste en marge de ces questions. » Clover Hogan (...)

Lui arrive-t-il néanmoins d’être en colère ?

« Tout à fait ! répond-elle en souriant. La crise climatique évoque une panoplie d’émotions pour moi. Mais on ne peut pas faire ce travail à long terme avec uniquement du ressentiment.

« C’est probablement la raison pour laquelle je souris beaucoup, parce que cela vous consumera si vous vivez toujours dans la colère. » (...)