Souvent ridiculisés, les petits gestes militants peuvent avoir un impact réel pour changer la norme sociale. Un point de vue qui suppose de réfléchir à ce qui compte comme “petit” geste et sur le type d’impact qu’on veut prioriser.
Dans les milieux militants, on aime bien critiquer les “petits gestes”. Vous savez, ces actions individuelles du quotidien, comme bien trier ses déchets ou avoir son tote bag pour éviter les sacs plastique. (...)
Mettre en avant des petits gestes sert à culpabiliser des victimes et à orienter leurs efforts vers des fausses solutions.
Soyons clairs, j’en pense pas moins. Et pourtant, je pense qu’on peut sauver les petits gestes. Pas parce qu’ils seraient efficaces pour la cause. Parce qu’ils sont efficaces à changer la norme sociale. C’est tout le sujet : quand on parle d’impact, à quoi on pense ? Si c’est l’impact climat, biodiversité, etc. presque personne n’a la main pour agir, sauf des acteurs écocidaires. Si on parle de l’impact sur ce qui est normal, courant, accepté dans la société, alors les petits gestes ont un sens. (...)
L’accumulation d’actions minimes anti-climatiques change la norme sociale. Ça claque pas comme un blocage d’usine. Mais on peut faire les deux.
Individuel et collectif
(...) presque tout ce qui nous arrive s’appuie sur l’action des autres, et tout ce qu’on fait affecte les autres d’une certaine façon.
Quand on défend la consigne pour réemploi, est-ce qu’on défend un truc collectif ? Un projet d’investissement, de création d’infrastructures, de réseaux professionnels ? Ou est-ce qu’on défend un truc individuel : des personnes qui ramènent chacune leurs bouteilles en verre au supermarché ? On peut dire la même chose pour des tas de causes.
Les “petits gestes”, on voit où ils commencent, on sait pas où ils terminent. C’est facile de se foutre de la gueule des gens qui les font naïvement. Et on a raison de critiquer ceux qui les défendent pour échapper à leurs responsabilités. Mais on devrait pas cracher sur leur impact pour changer la norme. On serait surpris de voir tout ce qui arrive par effet d’exposition, par accumulation de gestes infiniment petits.