Dans son livre Le grand sabotage climatique, le journaliste Fabrice Nicolino documente l’influence des industriels sur les institutions internationales qui entrave les luttes contre le réchauffement de la planète. Bonnes feuilles.
On apprenait en février 2023 que le climatoscepticisme connaît un réveil en France. Quatre chercheurs du CNRS, étudiant à la loupe binoculaire le réseau Twitter, y découvraient 10 000 comptes actifs niant d’une manière ou d’une autre la réalité du dérèglement. David Chavalarias, l’un des auteurs, écrivait : « Entre 2021 et l’été 2022, l’activité des comptes “dénialistes” a été multipliée par six ». Sans le moindre « argument » nouveau depuis des décennies. Selon les négateurs, il y aurait réchauffement – au mieux –, mais sans aucune preuve certaine que les activités humaines en soient les responsables. (...)
Cela pourrait paraître anecdotique, mais selon ce travail, les effets en sont majeurs en disséminant dans l’opinion de fausses informations. Et du même coup, même s’il est très difficile d’évaluer les conséquences, en affaiblissant la position des autres, y compris dans les cercles dirigeants où se décident les politiques publiques.
Aux États-Unis, le climatoscepticisme organisé par l’industrie (...)
En 2015, le travail de bénédictin du chercheur Justin Farrell montre que pour l’essentiel, le négationnisme climatique est « produit » aux États-Unis par 4556 personnes. Les réseaux de ces derniers n’ont pas un maître d’œuvre unique, mais se croisent, se superposent, s’intriquent dans le cadre général de 164 organisations diverses, dont nombre de think tanks. Les preuves surabondent d’une constante intervention politique et économique, visant à saboter la lutte contre le dérèglement climatique.
Une incursion en Australie s’impose aussi, car il s’y passe des événements au-delà du concevable. (...)
En Australie, un climatosceptique à la tête du gouvernement (...)
Qui est Charles Muller, audacieusement présenté comme « rédacteur scientifique » ? Un pseudonyme. Son vrai nom est Charles Champetier, et l’on comprend qu’il préfère une autre signature, car sous celle-là, il a été rédacteur en chef de la revue Éléments, organe de la Nouvelle Droite – et si vieille – d’Alain de Benoist. La revue de l’Afis oublie aussi de préciser qu’il est consultant en communication, et cofondateur de l’agence Inférences. (...)
L’archétype d’une certaine folie climatosceptique se trouve dans un dossier du Figaro daté du 23 février 2010. Deux journalistes mettent en scène ce qu’il faut bien appeler une mystification dans un article intitulé « Réchauffement climatique : les thèses s’affrontent ». On y interroge à égalité les « tenants » du dérèglement et les négateurs du phénomène, créant ainsi l’illusion d’un débat qui n’existe pas dans la réalité.
Comment oser mettre sur le même plan des milliers de scientifiques unanimes et une poignée de zozos dont ce n’est pas même la spécialité ? (...)