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« Une cible dans le dos des sportifs israéliens... » : des JO d’ores et déjà politiques
#JO2024 #israel #genocide
Article mis en ligne le 28 juillet 2024
dernière modification le 26 juillet 2024

Il y a un nouveau jeu rhétorique à la mode chez les soutiens de Tel-Aviv. Il consiste à accuser ceux qui s’opposent à la venue de la délégation israélienne aux Jeux olympiques de Paris de « mettre une cible dans le dos » des sportifs. Le génocide en cours à Gaza ne doit pas gâcher la fête.

Pour avoir déclaré le 20 juillet lors d’un rassemblement en soutien au peuple palestinien à Paris que « la délégation israélienne n’est pas la bienvenue » aux Jeux olympiques et appelé à se mobiliser contre sa présence, le député LFI Thomas Portes a été accusé par de nombreux défenseurs de Tel-Aviv de « mettre une cible dans le dos » des sportifs. Et d’être antisémite bien sûr. L’Organisation juive européenne (OJE) a annoncé vouloir porter plainte contre l’élu pour « provocation à la haine ».

La galaxie pro-israélienne héxagonale, de droite et d’extrême droite, a matraqué les mêmes éléments de langage, allant parfois jusqu’à laisser entendre que le parlementaire insoumis chercherait à inspirer un remake de la prise d’otage des Jeux olympiques de Munich en 1972 au cours de laquelle onze athlètes israéliens furent tués par l’organisation palestinienne Septembre noir.

Parmi les utilisateurs de la rhétorique de « la cible dans le dos », on trouve notamment les ministres démissionnaires Gérald Darmanin et Aurore Berger, le président du Crif Yonathan Arfi, le président d’honneur de la Licra Alain Jakubowicz, les élus RN Julien Odoul et Matthieu Valet, le sénateur LR Max Brisson, la sénatrice UDI Nathalie Goulet, l’ancien porte-parole de Tsahal Julien Bahloul, l’animateur Cyril Hanouna, le président de l’UEJF Samuel Lejoyeux, le président du syndicat de médecins UFML Jérôme Marty, les acteurs Véronique Genest et Guillaume Mélanie, les chroniqueuses Céline Pina et Zohra Bitan...

Ces personnalités cherchent à faire un exemple de Thomas Portes, il s’agit de le calomnier en bande pour intimider toute personne révoltée par le génocide en cours à Gaza et la dissuader d’exprimer publiquement son indignation face à l’impunité d’Israël, dont la venue de la délégation sportive à Paris est un signe supplémentaire. Vouloir que le droit international soit respecté et exiger que la France agisse diplomatiquement pour faire cesser les massacres, c’est « appeler à la haine ». Voilà ce qui tient lieu d’argumentaire chez les admirateurs plus ou moins assumés de M. Netanyahu.

Le député LFI n’est même pas allé jusqu’à appeler au boycott sportif – ce qui serait légal, comme l’a rappelé l’UJFP –, il propose seulement que les athlètes israéliens concourent sous bannière neutre, comme ce sera le cas pour les Russes et les Biélorusses (...)

Renversement sémantique

Dans le contexte du génocide, l’utilisation de l’expression « mettre une cible dans le dos » pour chercher à faire taire Thomas Portes et ceux qui partagent ses positions relève de la grossièreté intellectuelle et morale. Il s’agit par ailleurs d’une tentative de limitation de la liberté d’expression qui s’inscrit dans la campagne déjà ancienne des soutiens inconditionnels d’Israël visant à criminaliser la critique de sa politique suprémaciste et barbare (et à confondre antisionisme et antisémitisme). La ficelle est grosse comme l’amarre d’un porte-conteneurs, mais les aficionados de Tsahal tentent malgré tout de faire passer les Israéliens pour les véritables victimes, même quand les images de bébés palestiniens déchiquetés s’amoncellent. (...)

Le Comité olympique palestinien évaluait fin mai que 300 athlètes avaient été tués à Gaza, dont l’entraîneur de l’équipe de foot Hani Al-Masdar et la championne de karaté Nagham Abu Samra. Celle-ci est morte le 11 janvier 2024 des suites de ses blessures après le bombardement de sa maison dans le camp de Nuseirat en décembre. Par le simple fait d’être palestinienne, elle avait une cible dans le dos.