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Mediapart
Un quart des eurodéputés augmentent leur salaire avec des activités parallèles
#eurodeputes #UE #electionseuropeennes #transparencyInternational
Article mis en ligne le 10 mai 2024
dernière modification le 6 mai 2024

Dans un rapport, l’ONG Transparency International constate que 26 % des eurodéputés bénéficient de revenus liés à des activités parallèles à leur mandat, pour 47 000 euros par an en moyenne. Ces eurodéputés sont principalement situés à droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique.

un mois des élections européennes, on imagine que certain·es eurodéputé·es candidat·es à leur propre succession se seraient bien passé·es d’une telle publication. Dans un rapport dévoilé ce lundi 6 mai 2024, l’ONG Transparency International a compilé, à partir de leurs dernières déclarations d’intérêts privés, les rémunérations perçues par les membres du Parlement européen grâce à des activités exercées en parallèle de leur mandat.

Rémunérations qui, par leur nature ou leur montant, s’avèrent parfois choquantes. (...)
pour nombre de rémunérations compilées par Transparency International, notamment les plus importantes, il y a un (gros) loup. (...)

Le champion toutes catégories est le sulfureux eurodéputé lituanien Viktor Uspaskich, qui déclare percevoir 3 millions d’euros par an de revenus complémentaires provenant de ses investissements dans le secteur de l’agroalimentaire. Ce même eurodéputé est sans étiquette après avoir été renvoyé du groupe Renew Europe – celui des macronistes – en 2021 pour propos homophobes. Il a aussi été condamné pour fraude fiscale et corruption il y a plus de dix ans…
Des Français parmi les profiteurs

En deuxième position des eurodéputé·es les mieux rémunéré·es, on retrouve un Français d’extrême droite, Jérôme Rivière, ancien du Rassemblement national (RN) et de Reconquête, désormais sans étiquette. Il perçoit la majorité de sa rémunération d’une fonction de direction générale d’une entreprise énergétique, et déclare en tout 220 300 euros de revenus complémentaires à son salaire d’eurodéputé, selon l’ONG.

Un autre français est présent dans le top 10 : le LR Geoffroy Didier, membre du groupe PPE, qui est huitième. Il perçoit 115 200 euros supplémentaires par an, principalement grâce à son activité dans un cabinet d’avocats d’affaires, et aussi à son mandat de conseiller régional en Île-de-France.

Il est devancé au classement par un autre membre bien connu du Parlement européen, le Belge Guy Verhofstadt, qui déclarait lors de cette mandature un revenu annuel de 131 988 euros, dont la plus grosse part venait de son mandat d’administrateur du fonds d’investissement belge Sofina, qu’il a occupé durant plus de dix ans et qui s’est terminé en mai 2023.

Autre cas choquant pointé par Transparency International, qui ne cite pas de nom, celui d’« un eurodéputé qui est rémunéré 75 000 euros par an en tant que membre d’un conseil d’administration d’une grande entreprise multinationale qui est également une organisation enregistrée sur le registre des lobbyistes de l’Union européenne ».

Sans surprise, tou·tes ces député·es qui perçoivent des rémunérations somptuaires n’hésitent pas à bloquer toute velléité réformatrice en la matière. (...)

En proportion d’eurodéputé·es percevant des rémunérations complémentaires, la France se situe à la neuvième place européenne, derrière la Finlande, dont 64 % des eurodéputé·es gonflent leur salaire grâce à des activités parallèles, la Belgique (57 %), l’Autriche (42 %), la Danemark (36 %), l’Allemagne (35 %), l’Irlande (31 %), la Hongrie (29 %) et le Portugal (29 %). Et en termes de montant moyen perçu par eurodéputé·e, la France se situe à la douzième place sur vingt-sept.

Du reste, ces chiffres ne disent pas tout. Comprendre : ce qu’a compilé l’ONG Transparency International n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg.

Par exemple, elle a découvert que 5 % des revenus annexes des eurodéputé·es provenaient de dividendes liés à des participations dans des entreprises. Mais, s’indigne l’ONG, « les députés européens sont uniquement tenus de déclarer les participations s’ils estiment qu’elles entraînent des implications d’ordre public ou donnent aux actionnaires une influence significative ». Deux critères qui sont « laissés à l’entière discrétion du député européen »... (...)

des descriptions d’activité extrêmement floues comme « activité commerciale indépendante » ou « business plan dans les énergies renouvelables », qui veulent tout et rien dire. (...)

Transparency International préconise d’« interdire aux députés européens de s’engager dans des activités parallèles, rémunérées ou non, avec des organisations cherchant à influencer l’élaboration des politiques européennes ».

Et si une telle réforme s’avérait trop ambitieuse, l’ONG propose qu’au minimum « les groupes politiques du Parlement européen adoptent en interne des règles interdisant à leurs membres de se livrer à ces activités annexes ». (...)