
(Se seront opposés de leurs corps ; se seront interposés entre ménages ou individus endettés et agents chargés d’appliquer la sentence, de les virer de chez eux, de les mettre à la rue ; auront donc dans le langage néo-libéral fait “violence” à des dépositaires de la force publique. Existe-t-il aujourd’hui, dans la solidarité avec les réfugiés, dans la défense des droits sociaux les plus élémentaires, d’autre forme d’opposition que celle qui engage le corps et se trouve ainsi automatiquement dénoncée comme “violence” par les gouvernements européens ?)
Aujourd’hui, un par un, les députés de l’ancienne “gauche radicale” grecque votent en faveur de l’incarcération des membres de cette société incivile qui, à partir des assemblées de 2011, les a portés au pouvoir. (Pour mémoire : en 2010, encore, Syriza était une coalition à bout de souffle, privée de dynamique, de forces vives, de stratégie et surtout d’appui populaire, au bord de la scission). Le fait que cette même formation ait pu moins de deux ans plus tard se retrouver à quelques voix du pouvoir (et ait fini par l’emporter en janvier 2015) doit tout à la dynamique impulsée en 2011 par les collectifs de base apparus dans les quartiers populaires d’Athènes (ou en province, en particulier dans des luttes liées à la défense du territoire), et qui étaient très largement indépendants (et pour cause) de tout appareil préexistant. (...)