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Un album jeunesse sur un garçon trans provoque un séisme en bibliothèque
#USA #livres #transphobie #education #repression
Article mis en ligne le 23 décembre 2025
dernière modification le 20 décembre 2025

Dans ce coin de l’Amérique profonde, souvent perçu comme un bastion de conservatisme social, un épisode qui aurait pu rester un banal débat local est devenu un symbole des tensions contemporaines autour de la censure, de l’identité et de la lecture jeunesse. En cause : un petit album destiné aux enfants, Call Me Max, et son héros, un garçon transgenre — un sujet qui, ces dernières années, alimente des controverses bien au-delà des étagères des bibliothèques publiques.

Tout commence à l’automne 2025, quand un lecteur — ou plutôt une lectrice — soulève une objection formelle à propos d’un livre illustré, demandant qu’il soit soit déplacé soit retiré de la collection jeunesse de la bibliothèque publique de Randolph County.

Le livre en question raconte avec simplicité et empathie comment un jeune enfant insiste pour être appelé par son prénom choisi, « Max », plutôt que celui attribué à la naissance. Une intrigue modeste, mais qui a suffi à polariser les opinions locales, relève Advocate.
Vote et riposte politique

En octobre, après examen de la plainte, le conseil d’administration de la bibliothèque — neuf membres élus ou nommés chargés de superviser les collections — a voté 5 voix contre 2 pour maintenir le livre sur les étagères. Un choix motivé, selon plusieurs intervenants, par le respect des politiques internes quant à l’inclusion et à la diversité des contenus proposés au public.

Mais cette décision a été perçue par une frange significative de la communauté comme un acte de provocation culturelle, un symbole de dérive idéologique. Et la réaction n’a pas tardé. Le 8 décembre 2025, le conseil des commissaires du comté a voté 3 voix contre 2 en faveur de la dissolution pure et simple de ce conseil d’administration de la bibliothèque. Un acte rare — voire inédit — dans l’histoire récente des institutions culturelles américaines, pointe tout de même le Washington Post. (...)

Un vote qui divise

L’issue de ce vote spectaculaire est, en somme, simple : les neuf administrateurs ont été démis de leurs fonctions. Les commissaires n’ont pas encore annoncé comment et quand ils procéderont au remplacement des membres dissous — ni même s’ils le feront selon les mêmes règles que précédemment. Attitud

Pour certains responsables locaux, cette décision était légitime. (...)

À l’opposé, des associations de défense de la liberté de lecture — comme PEN America — ont qualifié la décision de “réponse spectaculaire à une demande de diversité et d’inclusion sur les étagères”. La dissolution du conseil a été décrite comme l’une des sanctions les plus sévères imposées à une bibliothèque pour un seul titre. (...)

Au-delà du livre

Ce qui rend cette affaire singulière n’est pas tant le livre lui-même — Call Me Max étant déjà disponible dans d’autres bibliothèques et utilisé comme ressource pour aborder l’identité de genre avec des enfants — mais la réaction institutionnelle qu’il a suscitée.

L’auteur, Kyle Lukoff, homme transgenre, a lui-même exprimé son étonnement : la bibliothèque et son conseil ont suivi leurs propres procédures d’examen et ont quand même été sanctionnés. « C’est finalement une question de pouvoir », écrivait-il récemment à propos de l’affaire. (...)

Au final, si Call Me Max reste disponible dans le système de bibliothèques de Randolph County malgré la purge administrative, l’épisode laissera sans doute une empreinte durable sur la manière dont ces institutions naviguent entre liberté culturelle et pressions sociales.