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Témoignages : avec la circulaire Retailleau "de moins en moins de sans-papiers demanderont leur régularisation, ils auront trop peur"
#sanspapiers #migrants #immigration #Retailleau #travail
Article mis en ligne le 3 février 2025
dernière modification le 1er février 2025

Rassemblés à Paris, vendredi, de nombreux travailleurs et travailleuses sans-papiers sont venus manifester contre la loi Immigration et la nouvelle circulaire Retailleau qui durcit les critères de régularisation. Un texte "injuste", selon eux, qui ne fait que précariser davantage les exilés en situation irrégulière. Témoignages.

Ramata, Ivoirienne, en France depuis 2016

"Je suis très stressée, je me sens tellement menacée. Dès que je parle, je pleure... Je travaille dans le ménage, je suis en grande souffrance. Quand on n’a pas de papiers, de toute façon, on souffre beaucoup. On travaille la boule au ventre. Nos employeurs nous donne 3h de travail.. 5h.. Parfois plus, parfois moins. Sans contrat, c’est un stress permanent. On ne sait jamais combien on va être payé.

J’ai la foi de travailler pourtant, mais sans papiers, tu te décourages. J’ai déposé un dossier de régularisation en 2021, il a été refusé. Je n’ai pas baissé les bras. J’ai déposé un nouveau dossier. Là où je travaille aujourd’hui, j’ai eu des fiches de paie, alors j’ai redemandé un rendez-vous à la préfecture. C’était l’année dernière. Le rendez-vous est fixé au mois de juin 2025. J’ai dû attendre un an !

Avec la nouvelle circulaire, que va-t-il se passer pour moi ? Il faut parler français, c’est mon cas, il faut des fiches de paie, c’est mon cas. Mais je suis quand même stressée. Si mon chef me renvoie avant le rendez-vous, je vais faire quoi ? Il faut que je travaille sans jamais m’arrêter.

J’ai laissé mes enfants en Côte d’Ivoire, ma dernière a un an... Je l’ai laissée pour venir ici, pensant que tout allait s’arranger, mais c’est tout le contraire. Ma fille a maintenant 9 ans, elle me demande de rentrer... Elle me manque tellement. Je lui ai dit : ’Je me bats pour toi ici, ma chérie. Je ne peux pas rentrer sinon je ne pourrai jamais revenir en France, je ne pourrai pas payer tes études plus tard’. C’est pas facile..."

(...)

Travailler sous alias, c’est travailler illégalement avec les papiers d’identité d’une autre personne, qui est, elle, en règle. C’est donc cet "alias" qui reçoit les fiches de paie et perçoit le salaire du travailleur sans-papiers. "L’alias" lui reverse ensuite son dû, en partie ou en intégralité. C’est un système qui précarise les sans-papiers. C’est aussi une pratique que de nombreux employeurs feignent d’ignorer. (...)

Oumar, Sénégalais, en France depuis 6 ans

"Je travaille dans la logistique, dans la livraison, dans le transport, dans la restauration, dans le bâtiment. Je travaille un peu partout, en fait. Quand tu n’as pas de papiers, tu ne peux pas te reposer. Tu cherches constamment à travailler. Le pire, c’est que tu t’épuises et que tu n’es pas bien payé.

J’ai déjà déposé un dossier de régularisation en préfecture et il a été refusé.

(...)