Des milliers de manifestants appartenant à la communauté alaouite sont descendus dans la rue, dimanche, en Syrie, deux jours après l’attaque d’une de leurs mosquées qui a fait huit morts. Au moins trois personnes ont été tuées et des dizaines de personnes ont été blessées lors d’affrontements entre les différents groupes de manifestants et les forces de l’ordre.
Des manifestations alaouites, organisées deux jours après l’attaque meurtrière d’une mosquée visant cette communauté musulmane, ont dégénéré, dimanche 28 décembre, à Lattaquié, dans l’ouest de la Syrie. Des affrontements entre forces de sécurité et manifestants ont fait au moins trois morts et des dizaines de blessés, selon une ONG et une source médicale.
Un photographe de l’agence Associated Press présent à Lattaquié a de son côté affirmé avoir vu les corps de quatre personnes tuées lors des affrontements dans les hôpitaux locaux. Trois d’entre elles présentaient des blessures à la tête qui semblaient avoir été causées par des jets de pierres, tandis qu’une autre avait une blessure par balle à la poitrine.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni et disposant d’un vaste réseau de sources dans le pays avait affirmé plus tôt que les forces de l’ordre ont tué deux personnes en dispersant une manifestation dans la ville côtière de Lattaquié.
L’agence officielle Sana, citant les services de santé, a quant à elle fait état d’un bilan de "trois décès et 60 blessés" avant d’ajouter qu’un membre des forces de sécurité avait été tué par balle.
Selon la télévision d’État syrienne, deux membres des forces de sécurité ont également été blessés dans la région de Tartous après qu’une grenade ait été lancée sur un poste de police.
"Nous ne soutenons pas Assad"
Les autorités n’ont de leur côté pas confirmé avoir ouvert le feu sur des manifestants, mais ont dit avoir "maîtrisé la situation" et accusé des partisans de l’ancien président Bachar al-Assad d’avoir attaqué les forces de sécurité. (...)
Le photographe de l’Associated Press présent à Lattaquié a vu des contre-manifestants pro-gouvernementaux lancer des pierres sur les manifestants alaouites, tandis qu’un groupe de manifestants frappait un contre-manifestant qui avait rejoint leur camp. Le photographe décrit avoir vu les forces de sécurité tirer en l’air pour tenter de disperser les manifestants des deux camps. (...)
La minorité alaouite, une branche de l’islam chiite dont est issu Bachar al-Assad, est la cible d’attaques depuis qu’une coalition islamiste a pris le pouvoir à Damas fin 2024.
"Nous ne voulons pas d’une guerre civile"
Le dignitaire Ghazal Ghazal, président du Conseil islamique alaouite en Syrie et à l’étranger, a accusé les autorités d’avoir attaqué "des civils non armés" exerçant leur "droit légitime" et dénoncé "l’oppression" des autorités. (...)