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Subventionner la malbouffe puis en réparer les dégâts : quand l’État paie deux fois
#malbouffe #alimentation
Article mis en ligne le 22 septembre 2024
dernière modification le 19 septembre 2024

L’État dépense au moins 19 milliards d’euros par an pour soigner des maladies liées à la malbouffe ou dépolluer les contaminations aux pesticides, révèle une étude. Sans pour autant flécher les dépenses publiques vers une agriculture plus vertueuse.

(...) l y a le prix affiché en rayon, celui que nous payons à chacune de nos courses pour des produits laitiers, des plats préparés, des conserves ou de la viande emballée. Et il y a le coût caché, celui des conséquences négatives des modes de production les plus polluants, ou des aliments transformés les plus néfastes pour la santé. Ce prix sera aussi payé, par la collectivité – et les contribuables. (...)

Une étude inédite, publiée ce 17 septembre par quatre organisations non gouvernementales et associations (le Secours Catholique - Caritas France, le Réseau Civam, Solidarité Paysans et la Fédération française des diabétiques), l’estime à 19 milliards d’euros. Selon les auteurs du rapport, « cette organisation pour nous nourrir à bon marché (depuis la production jusqu’à la distribution et la restauration) génère de lourds impacts pour la société, l’environnement et la santé, que n’intègrent pas les prix de notre alimentation ».

Que recouvrent exactement ces 19 milliards d’euros ? Ce sont les dépenses publiques bien réelles qui viennent compenser et réparer les dégradations sociales, sanitaires – la couverture des maladies professionnelles, ou des maladies liées à une alimentation trop grasse ou trop sucrée – et environnementales – dépolluer l’eau par exemple – engendrées par le système agroalimentaire. Soit 12 milliards pour la santé, près de 3,4 milliards pour les impacts écologiques, et 3,4 milliards pour les impacts socio-économiques. Ces dépenses publiques, qui cherchent à compenser les dysfonctionnements de notre système alimentaire, représentent quasiment le double du budget alloué pour la planification écologique en 2024. (...)

Précisons d’emblée que les montants retenus dans ce rapport sont des montants a minima. (...)

En complément du calcul des impacts, l’étude se penche sur les soutiens financiers publics aux acteurs économiques des chaînes alimentaires, depuis les exploitations agricoles jusqu’aux entreprises de transformation, de distribution et de restauration. « Ce système, aux impacts multiples, nous ne faisons pas que le subir. Nous le finançons. Et dans des proportions que, jusqu’à notre rapport, personne ne mesurait réellement : nous toutes et tous mettons sur la table 48,3 milliards d’euros pour soutenir notre système agricole et alimentaire. » (...)

Pour les auteurs, « les profits réalisés par les acteurs privés, loin d’être liés à la seule ’’efficacité’’ économique de leur modèle, sont étroitement liés à nos choix publics ». (...)

L’incohérence de l’État

Outre l’ampleur des coûts occasionnés par le système alimentaire, le rapport révèle aussi l’incohérence des pouvoirs publics. « D’une main, la collectivité répare, de l’autre, elle entretient la cause même des dommages occasionnés » écrivent les auteurs. La politique agricole commune représente une source de soutiens financiers primordiale, en particulier pour le revenu des producteurs et productrices.

« Mais l’État représente le financeur le plus important (59 % des soutiens publics en 2021), et aussi le plus aveugle » note l’étude. (...)

6% du soutien public vers des modèles plus vertueux

Ainsi, si l’on additionne les soutiens publics et les dépenses publiques pour réparer et compenser, ce sont 67 milliards d’euros qui entretiennent un système à bout de souffle.

Or, seulement 6,2 % des soutiens publics bénéficient aux acteurs qui participent à des logiques de valorisation des matières premières, le plus souvent labellisées via des signes officiels de qualité, d’origine contrôlée ou de commerce équitable, fondées sur des prix agricoles plus élevés. (...)

Les initiatives locales de sécurité sociale de l’alimentation illustrent la capacité des consommateurs et consommatrices, alliés à des producteurs et productrices, à montrer la voie.