
Depuis plusieurs années, les destructions de jardins populaires, ou les projets de destruction, se multiplient dans plusieurs villes de France. Dans des bureaux d’urbanistes, d’élus ou de promoteurs immobiliers, des décisions sont prises pour rayer de la carte ces espaces. (...)
Mesdames et messieurs Pannier-Runacher, Aubry, Castelain, Bécue, Franclet, Hanotin, Koenders, Rolland, Vignot, vos politiques technocrates, hors sol, ignorent ce qu’est un jardin : un morceau de soi ancré dans la terre, un espace de sociabilité essentiel et une ressource vivrière, en résumé un lieu fourmillant de vie, entre nature et culture.
Selon vous, une terre jardinée est une « dent creuse », une « opportunité de promotion », et, « après tout, ces jardins peuvent être déplacés, remplacés ». On retrouve ces formulations, quasiment à l’identique, dans la plupart de vos discours et documents officiels.
En avril 2022, nous étions plusieurs représentants de jardins à nous retrouver à Besançon pour créer la Coalition des jardins populaires en lutte. Nous avons fait bloc, avons mené des combats, et avons souvent remporté des victoires, judiciaires comme d’opinion. Mais pour chacune de ces victoires, combien de jardins détruits dans le silence médiatique le plus complet ?
Les projets destructeurs se poursuivent en dépit des victoires
Aux jardins des Vertus, à Aubervilliers, malgré les victoires judiciaires, la mairie ne veut pas remettre en état les parcelles détruites, mais sauvées du béton. Quelques arbres rachitiques ont été plantés dans une zone clôturée accolée à la piscine olympique. De nouvelles parcelles sont menacées par l’implantation d’un pôle multimodal (gare de transport voulue par Plaine Commune, communauté de communes locale), qui se ferait autour de la gare du Grand Paris en cours de construction, et par d’autres projets immobiliers. Le Conseil d’État a été saisi pour les sauver, la lutte continue !
Les jardins ouvriers de Tourcoing restent menacés par un projet de zone commerciale (...)
Les jardins populaires sont plus essentiels que jamais
Ensemble, nous vous signifions de nouveau que nous ne laisserons pas ces terres disparaître sous le béton. Alors que l’avenir semble parfois obscur, que le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la montée du fascisme menacent partout, les jardins populaires plus que jamais doivent être préservés.
Ce sont des lieux essentiels, où se nouent des liens par-delà les clivages sociaux ou d’âge, où se fabrique l’autonomie alimentaire, où s’échangent graines et cultures.
Encore une fois, nous dénonçons les politiques d’urbanisme tournées vers les logiques de compétitivité et d’attractivité, et revendiquons la préservation du vivant, le respect dû aux humains et non-humains, l’usage des terres par celles et ceux qui en prennent soin.
Un jardin n’est pas remplaçable, une destruction n’est pas compensable, une espèce n’est pas déplaçable.