
On les appelle les « refuznik », mot composé de « refus » et du mot russe ouznik, c’est-à-dire « prisonnier ». L’expression est synonyme de dissidence. Dans un État militarisé comme Israël, où tous les jeunes doivent s’engager, il y a régulièrement des objecteurs et objectrices de conscience, des personnes courageuses qui refusent de prendre les armes pour le régime colonial. (...)
Il y a quelques semaines, c’était le jeune israélien Tal Mitnick qui déclarait au tribunal : « Je refuse d’être enrôlé, de participer à une guerre criminelle à Gaza. Je crois qu’un massacre ne résout pas un massacre. La violence ne résout pas la violence », avant d’être envoyé en prison.
Depuis le 7 octobre, l’armée israélienne a déclenché une mobilisation exceptionnelle de réservistes pour étancher sa soif de sang. À partir de 18 ans, le service militaire est obligatoire en Israël. Il dure 3 ans pour les hommes et 2 ans pour les femmes. L’armée israélienne commet actuellement l’un des pires massacres de l’histoire récente à Gaza et en Cisjordanie, et il n’est pas acceptable d’y participer pour certains jeunes.
Sofia Orr est une israélienne de 18 ans. Elle est originaire de Pardes Hanna, situé à une cinquantaine de kilomètres de Tel-Aviv. Ce dimanche 25 février, elle s’est rendue à la base d’enrôlement de Tel Hashomer où elle a refusé de rejoindre les rangs de l’armée israélienne. Le 23 janvier 2024, dans une interview accordée au média suisse RTS, Sofia expliquait son refus : « J’ai décidé de ne pas servir dans l’armée israélienne, car je ne veux pas prendre part à la politique d’oppression et d’apartheid qu’Israël applique aux Palestiniens. J’ai pris cette décision avant la guerre, car l’oppression n’a pas commencé le 7 ou le 8 octobre ».
Sur place, la jeune femme est accompagnée de manifestant-es du réseau Mesarvot, qui soutient les « refuzniks », et subira la prison. Le choix est d’autant plus courageux qu’à la suite de cette période d’enfermement, l’armée peut convoquer de nouveau la personne réfractaire, et en cas de refus supplémentaire, la remettre cellule. Certains jeunes enchaînent donc les séjours en prison. Tal Mitnick, mis en cellule une première fois en décembre, a de nouveau refusé dimanche son service militaire pour la troisième fois, après avoir purgé 60 jours de prison pour deux condamnations. Il se tenait aux côtés de la jeune femme en solidarité. (...)