
Six heures du matin, c’est l’heure où la police frappe à la porte pour arrêter les malfrats et les dangereux terroristes. Mais les personnes frappées d’OQTF peuvent aussi subir le même sort. Histoires vécues le 8 avril dernier par des familles géorgiennes dans l’Ouest de la France.
Le mardi 8 Avril 2025, Anastasia et Aleksandre, deux élèves de 6ème et 5ème du collège Salvador Allende de Rezé au Sud de Nantes et leur maman étaient expulsés vers la Géorgie.
Iels seraient restés 30 minutes dans le centre de rétention de Rennes-Saint-Jacques. Puis embarqués manu militari dans un avion. Leur père a réussi à y échapper.
On apprenait aussi par Ouest-France que dans la commune voisine de La Montagne : « Vers 5 h 30, sans sommation, c’est un premier couple, vivant avec son garçon de 9 ans et sa fille de 15 ans, à qui la police a donné « quatre heures pour sortir » de l’appartement où ils résidaient, à La Montagne » (...)
Le même jour, nous apprenions qu’à Pontivy (Morbihan), une famille géorgienne avait été interpelée lors de son pointage puis embarquée pour Rennes. Les parents ont d’abord été arrêtés puis la gendarmerie est partie avec eux réveiller leur enfant qui dormait encore dans leur appart’ pour l’embarquer également.
Toujours ce 8 avril, à 6 heures les gendarmes de Landivisiau (Finistère) ont embarqué un couple de géorgiens et leur petit garçon.
À Quimper (Finistère) aussi, une famille géorgienne avec trois enfants a été embarquée par la police a 6H 30 du matin.
Idem à Lorient où une copine indiquait ceci : « Une famille que je suivais depuis 5 ans a été embarquée hier au 115 "famille" de Lorient ».
C’est la France de 2025, la xénophobie d’État est plus forte que (pas tout-à-fait) jamais. Certes, il a existé des périodes bien plus létales pour les personnes étrangères ou françaises, mais quand même, ces temps-là reviennent. (...)
Imaginez le désarroi de ces enfants réveillés à 6H du matin par des coups sur la porte, ces familles à qui la police demande de faire les valises, puis les emmènent sans rien indiquer de la destination, ils ne n’apprendront que bien après avoir été interpellés : « on va vous expulser vers la Géorgie ».
La CEDH (Convention Européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme) interdit les expulsions groupées (protocole 4, article 4). Mais c’est bien dans l’idée de Retailleau de passer outre quand il déclarait en septembre 2024 que « l’État de droit n’est ni intangible, ni sacré ». Quant à leur sort dans le pays d’origine, la Géorgie : ce sera sans doute la misère, une vie à refaire dans le meilleur des cas, mais peut-être la répression et on sait que le régime géorgien actuel est des plus répressifs.
Autres enseignements : les préfectures savaient qui cibler, sur la base de la nationalité, mais aussi sur le fait d’avoir la certitude de trouver ces personnes, hébergées en CADA (Centres d’hébergement de demandeurs d’asile), voire en logement d’urgence du 115. Il est clair que l’informatique a depuis longtemps remplacé les fiches manuelles de police des années 1940. (...)
Autour de Nantes, les protestations ont été nombreuses et entendent se poursuivre. Un rassemblement devant le collège Salvador Allende de Rezé le mardi 22 avril a réuni plus de 200 personnes, professeurs, élèves et parents d’élèves, militants associatifs, voisins.
La réaction la plus emblématique est la lettre du Principal du collège ci-dessous adressée à l’ensemble des parents d’élèves de ce collège.

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Communiqué de syndicats et d’associations nantaises
16 avril 2025
Expulsion de deux collégien-nes de Rezé pendant les vacances : non aux décisions inhumaines
Mardi 8 avril à l’aube, Aleksandre et Anastasia, deux élèves du collège Salvador Allende à Rezé et leur mère ont été arrêté-es, et expulsé-es le jour même vers la Géorgie, pays que la famille avait fui pour des raisons politiques. Le père, absent au moment de l’expulsion, a pour le moment été épargné par cette violente mesure mais se voit donc séparé de sa famille.
L’entourage social de la famille est sous le choc de cette expulsion expéditive, mise en oeuvre pendant la période des vacances scolaires, ce qui freine bien sûr les possibilités de mobilisation.
Cela n’a par ailleurs pas permis aux élèves du collège de dire au revoir à leurs camarades, et cela ne tient pas compte de leur vie familiale ni de la situation humanitaire liée aux risques qu’il et elles encourent dans un contexte de fortes tensions politiques en Géorgie.
Cette expulsion brutale a été menée au mépris de leur intégration, décrite par un proche (...)